Depuis 1937, les formations des Maisons familiales rurales sont basées sur quelques principes intangibles. A l'époque, ce réseau proposait l'alternance et l'accueil des petits groupes d'élèves en internat. C'est toujours le cas 65 ans après. Elles n'ont jamais cessé d'insister sur l'aspect éducatif - au sens fort - qu'elles associaient aux formations : aujourd'hui, elles affichent la satisfaction de voir l'air du temps rattraper une de leurs valeurs essentielles. Marguerite Fleury, la présidente régionale du mouvement, n'explique pas autrement l'augmentation des effectifs MFR alors que d'autres sont en diminution. En Franche-Comté, les effectifs ont progressé de 3,5 % en 2001.
«Il est vrai que nous sommes ouverts à tous les jeunes dès la 4e et la 3e, ce qui peut expliquer notre succès. Pour certains, c'est une nouvelle chance offerte. Il y a aussi la suppression par l'Education nationale des classes de 4e et 3e technologiques. Mais je crois qu'en plus des autres établissements scolaires classiques, nous apportons ce côté éducatif dont beaucoup de parents ressentent le besoin».
Implication des parents
Le nom complet du réseau est d'ailleurs Maisons familiales rurales d'éducation et d'orientation. Il en découle plusieurs principes dont l'implication très forte des familles et l'internat, auquel les MFR ne dérogent pas. «L'éducatif doit inclure tous les aspects de la vie insiste Michel Jacquot, président des Maisons du Doubs. Les jeunes vivent en commun, apprennent à être ensemble. On les prend du lundi matin au vendredi soir. Cela leur permet aussi de poser leurs valises pendant une semaine. C'est un peu plus serein que de devoir prendre les trans-ports en commun tous les soirs».
Les parents doivent adhérer à l'association et font partie des administrateurs et des comités de pilotage. Visites et réunions émaillent une année des MFR. «Nous demandons à ce que les parents s'impliquent, s'intéressent, suivent le travail des jeunes».
Formations de proximité
Pour souligner encore cet aspect, les enseignants sont appelés moniteurs, jouant plus un rôle d'accompagnateur global que de professeur. La vie en Maison familiale, c'est des cours mais aussi des veillées, des animations culturelles, des séances ciné. Mais si elles peuvent les évoquer, les Maisons familiales rurales n'ont rien de colonies de vacances. La formation demeure primordiale. «Les jeunes sont en contact direct avec la réalité professionnelle grâce à l'alternance insiste Michel Jacquot. Dès la 4e et la 3e, ils découvrent un métier et se rendent rapidement compte des avantages et inconvénients qu'il comporte. Et nous pensons que c'est en touchant la matière, en s'y frottant qu'on trouve sa voie».
Un mode de fonctionnement qui a ses résultats en termes d'intégration professionnelle puisque, selon une enquête menée auprès des élèves de 1997, près de 75 % d'entre eux travaillent et 14,5 % sont encore en formation. Le taux de demandeurs d'emploi n'at-eint «que» 6,5 %.
Autre politique à laquelle les MFR tiennent depuis leur création, l'adéquation et la proximité de terrain. Selon Marguerite Fleury, «Iorsque nous créons une formation c'est en correspondance avec les besoins d'un territoire donné. Notre souhait est de répondre à un besoin local et dans cet état d'esprit nous préférons essaimer, créer de nouvelles structures que faire de gros établissements». Récemment, un établissement MFR a été construit par le Conseil régional à Amange (39), un autre doit voir le jour vers Lure. Cette année, le réseau ouvre 5 nouvelles formations : une CLIPA à Salins, un B APAAT à Pierrefontaine, un bac pro commerce à Combeaufontaine, un bac pro informatique à Besançon et un BTS
vente et productions touristiques à Pontarlier.
Ce souci de proximité explique aussi que le CFA des MFR n'a pas de murs : les formations qu'il propose sont dispersées dans la région, implantées dans 12 antennes au gré des besoins de chaque secteur. Cet ensemble donne une formule un peu figée depuis 1937 mais qui a fait tâche d'huile : à l'heure actuelle, 1000 associations du type MFR sont implantées dans près de 30 pays.
Stéphane Paris
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