Anthony Médard a découvert le métier de conducteur de travaux sur la LGV. Dès sa sortie de l'ENSMM, diplôme d'ingénieur option mécanique et matériaux en poche, il y a été embauché pour s'occuper des coffrages. Il y est resté 2 ans, pendant lesquels il a découvert “de fil en aiguille”, la profession qu'il occupe actuellement. Aujourd'hui conducteur des travaux pour Norcap Filiales Bouygues Construction Nord Est sur le chantier de la voie des Mercureaux, il ne regrette pas son choix. “C'est vraiment passionnant, jamais routinier. On est en contact avec de nombreuses personnes différentes, il faut faire avancer le chantier, trouver des solutions aux problèmes qui se présentent, s'adapter en permanence”. Une activité intensive et des responsabilités, “mais c'est un travail d'équipe, on est entouré et soutenu”. Les principales qualités à démontrer selon lui : “savoir s'adapter, anticiper, être réactif et opérationnel”.
Le conducteur de travaux est au carrefour d'un chantier, l'œil à tout, en contact à la fois avec les chefs de chantiers et "les compagnons" qui vont exécuter les travaux, sa direction à qui il rend des comptes en termes de délais, de coûts, de sécurité et le client, dont il doit assurer le respect des objectifs. “C'est polyvalent : on fait du management, du commercial, des relations humaines, de la gestion”.
Le conducteur de travaux est donc là pour assurer la bonne marche d'un chantier, en faisant respecter le cahier des charges : conformité de l'avancement, contrôle des normes et caractéristiques techniques, respect des prescriptions environnementales. Une sorte d'homme-orchestre en somme. Qu'ils soient contrôleurs des travaux publics de l'Etat (fonctionnaires de catégorie B) ou conducteur de travaux pour une entreprise privée, leurs responsabilités sont extrêmement importantes, de la préparation à la livraison du chantier. Même si elles divergent un peu : le contrôleur a une vision générale du chantier et à ce titre contrôle les travaux confiés à l'ensemble des entreprises agrémentées. Il doit veiller au respect de l'ensemble des clauses des contrats, qu'elles soient administratives, financières, réglementaires, techniques et environnementales. Le conducteur de travaux, lui, est responsable de la partie qui concerne l'entreprise dont il est salarié. Mais les compétences demandées sont proches. Elles demandent le sens de l'organisation, la polyvalence pour savoir passer du terrain à l'administratif, de la gestion financière à la connaissance des règlementations et le sens relationnel puisqu'ils sont en contact avec chacun des acteurs sollicités sur un chantier, des ouvriers aux commanditaires.
Sylvain Walliang est contrôleur principal des travaux publics de l'Etat à la direction départementale des routes de l'Est de la France et à ce titre en charge des marchés de travaux sur le contournement sud-ouest de Besançon, autrement appelé voie des Mercureaux. Un ouvrage d'envergure qui l'occupe à plein temps. Il voit deux principales difficultés à son métier : “d’abord gérer la complexité et le traitement des nombreuses informations. La seconde est liée aux délais de réalisation à respecter”. Il passe environ un jour par semaine sur le terrain. Le reste, du travail de bureau, de réunion. Qu'on ne s'y méprenne, ses outils principaux sont d'abord l'ordinateur et le téléphone portables, l'appareil photo numérique, les plans et dossiers. Et un véhicule léger plutôt qu'un bulldozer. Sur le chantier, qui occupe 10 à 60 ouvriers selon les jours, il est en contact avec cinq conducteurs de travaux. Eux aussi sont là pour veiller à tout : les délais, les coûts, les commandes, les livraisons, la conformité des travaux, la sécurité, le management, jusqu’à l’organisation des premiers secours au besoin. “Cela demande de la réactivité. Trouver une solution rapide quand un imprévu survient. Et anticiper pour que les travaux avance. Par exemple, s’il neige, le chantier s’arrête mais il faut veiller à être prêt pour que tout reprenne dès que possible”.
On comprend facilement que les débouchés sont fonction de la politique de travaux publics. En général, ils sont bons. Même à l'heure actuelle. "Au niveau de l'Etat, cela dépend des concours et c'est vrai qu'il n'y a pas beaucoup de places actuellement cadre Sylvain Walliang. Mais il y a du recrutement dans le privé et notamment du côté des grands groupes de travaux publics. Les prochaines années, il risque d'y avoir un fort besoin en renouvellement du fait des départs en retraite". Autre point positif, le niveau de responsabilités ne rend pas ces métiers inaccessibles : le concours d'Etat demande un niveau bac, même si le recrutement effectif se fait sur des diplômes de bac+2 à bac+5 et le privé est abordable avec un BTS ou un DUT. On peut même entrer dans la branche avec une formation de bac pro et évoluer par promotion interne.
S.P.
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