Ils sont encore élèves mais avec un tel niveau qu’ils se produisent en concert dans toute la région. Entrer à l’Ecole supérieure de musique de Bourgogne-Franche-Comté, c’est déjà mettre un pied dans l’univers professionnel : la saison de l’ESM comporte 50 prestations scéniques publiques. Créer un spectacle fait d’ailleurs partie du cursus de chaque étudiant. Il le conçoit et le réalise de A à Z, dans la forme de son choix. Les élèves passent aussi par un projet médiation, action culturelle collective vers un public dit « empêché » (prison, hôpital, école…). « Les mettre en situation professionnelle est notre point fort. Nous insistons sur la pluridisciplinarité avec des ouvertures sur la danse et le théâtre insiste Viviana Amodeo, la directrice de l’établissement. Cette passerelle vers d’autres arts est un intérêt pour les étudiants : c’est un parcours moderne et un atout pour leur vie professionnelle. La musique est partout, y compris dans les arts plastiques qui utilisent de plus en plus les installations sonores ». Dans cette logique, l’Ecole supérieure de musique de Bourgogne-Franche-Comté devrait ouvrir un cursus métier de la création à la rentrée prochaine. « Il sera le plus transversal et pluridisciplinaire possible avec des partenariats jusqu’à la scène numérique de Montbéliard ». A l’école, on n’hésite pas à mettre ensemble des disciplines différentes, à faire jouer un accordéon avec un chanteur lyrique et un instrumentiste jazz.
Ceux qui arrivent à l’Ecole supérieure de musique ont déjà une maîtrise avérée. Pour s’inscrire au concours d’entrée, il faut le bac et un cursus au conservatoire complet, validé par un DEM. « Il faut déjà se sentir en situation professionnelle » ajoute la directrice. L’ESM complète ces compétences pour qu’ils deviennent musiciens, enseignants et depuis l’an dernier musiciens d'orchestre et de fosse en formation continue (une première en France).
Musiques ancienne, traditionnelle, vocale, actuelle
L’école est née il y a 10 ans. Travaillant en partenariat avec l’Université de Bourgogne et les conservatoires de Dijon et du Grand Chalon, elle propose trois diplômes en formation initiale : un diplôme national supérieur de musicien mené en parallèle à une licence universitaire de pratique musicale et un diplôme d’Etat de professeur de musique, également accessible en formation continue. Le cursus est possible en musiques ancienne, instrumentale, vocale ou actuelles. « Le département jazz et musiques actuelles amplifiées est peut-être le plus important de France » sourit Viviana Amodeo.
L’école est l’un des 10 pôles supérieurs en France. Viviana Amodeo se félicite d’un environnement régional propice, avec notamment des conservatoires de haut niveau. « Il y a des ressources très importantes dans la région : deux orchestres (1), un opéra, un festival international avec un concours de jeunes chefs d’orchestre, une équipe de musique ancienne à Besançon reconnue au niveau mondial. Le conservatoire de Chalon a été le premier en France a être accrédité pour les nouvelles classes préparatoires… »
Vivre de la musique n’est pas évident. Le parcours à l’ESM demande efforts et travail. C’est encore et toujours la question d’être déjà en mode professionnel. Pendant les années à l’ESM, les différentes actions les encouragent à nouer des contacts qui pourront être utiles pour la suite. « Tout en continuant le travail de fond technique et musical, nous les incitons à s’immerger qui dans un orchestre, qui dans le chœur de l’opéra , ce qui est exceptionnel pour des élèves ». Le souhait de Viviana Amodeo est « d'offrir aux étudiants un parcours d’excellence ancré dans le territoire pour qu’ils puissent s’insérer dans la vie active. Mais l’idée est en même temps de faire profiter le territoire de leurs talents ».
A cette fin, la directrice aimerait tendre vers un changement de perspective, « mettre la maquette de formation au service de l’étudiant et non l’inverse » comme c’est souvent le cas. Personnaliser le plus possible chaque parcours est un credo rendu réaliste par la petite taille de l’école. « Il faut trouver un équilibre entre la formation et la préparation à la vie professionnelle, sans rester dans un académisme fermé. Nous sommes dans un dialogue, à l’écoute des réflexions et des suggestions des élèves, de leurs difficultés théoriques et pratiques... Un artiste a une personnalité singulière, on encourage cette singularité. Etre musicien est une voie difficile, voire très difficile, qui demande de l’équilibre et de la force mentale, avec un statut d’intermittent fait d’incertitude, mais avec ce bel objectif d’apporter du bonheur à toute la société ». L’école affiche des taux d'insertion professionnelle de 95% à 100% 3 ans après l'obtention du dernier diplôme.
Stéphane Paris
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