« Enfin, bravo, merci ». En trois mots, Nathalie Albert-Moretti, rectrice de la région académique résume l'état d'esprit des participants à l'inauguration de la filière odontologie en Bourgogne-Franche-Comté. Satisfaction traduite avec humour par Franck Robine, le préfet de région : « Je n'ai jamais vu autant de gens se réjouir de pouvoir aller chez le dentiste. Cette tribune est historique ». Autour du représentant de l’Etat, ce 11 octobre, la double inauguration de la filière de formation de chirurgiens-dentistes à Dijon et Besançon, réunit la région académique, l’Agence régionale de santé, la Région Bourgogne-Franche-Comté, Dijon Métropole, Grand Besançon Métropole, l’Université de Bourgogne, l’Université de Franche-Comté, le CHU de Dijon, le Chu de Besançon ! « Satisfaite de cette union sacrée » Marie-Guite Dufay, présidente de la Région, fait part de son « soulagement » car « une région qui ne dispose pas d’offre de soins suffisante ne peut pas être attractive ».
L'enjeu de « cet événement extraordinaire » selon Mohamed Si Abdallah, directeur général adjoint de l'Agence régionale de santé, est de taille : l'accès aux soins dentaires pour tous sur tout le territoire. La région manque cruellement de professionnels. Dans les zones les mieux pourvues (Doubs et Côté d'Or), on atteint à peine 55 praticiens pour 100 000 habitants, 10 points en dessous de la moyenne nationale, elle-même peu élevée. Dans les départements ruraux comme la Haute-Saône ou l'Yonne on descend à 35. « Avec une moyenne générale de 48 praticiens pour 100 000 habitants, la Bourgogne-Franche-Comté est l’une des régions les moins bien positionnées » se désole Thierry Gamond-Rius, directeur général du CHU de Besançon.
La désertification médicale y est une réalité contre laquelle le renforcement des formations est une partie de la solution. Symboliquement, lorsque Jean Castex, premier ministre, a annoncé en décembre 2021 la création de 8 filières odontologie dans le territoire, 2 d'entre elles étaient dévolues à la Bourgogne-Franche-Comté. Les universités se sont rapidement mobilisés puisqu’une première rentrée a déjà eu lieu en 2022. Face à l’urgence, tout le monde s'est donc attelé à la tâche et Anne Vignot, maire de Besançon, se félicite « du travail en commun avec Dijon dans une approche d’équité du territoire ».
Les étudiants bénéficient des outils de formation les plus modernes. Ils seront encore renforcés - par exemple avec la construction du centre d’enseignement en soins dentaires qui devrait sortir de terre à Besançon l’an prochain. Actuellement, 125 élèves ont entamé le cursus à Besançon et Dijon. Ils pourront le terminer dans ces deux villes, alors qu’auparavant ils étaient orientés au plus proche vers Nancy ou Strasbourg. L'objectif est d'atteindre 250 étudiants et 100 nouveaux diplômés par an d'ici 2029. Mais le véritable but est plus crucial : « Il faut espérer que ces étudiants une fois formés restent dans ces territoires, pour que la région en bénéficie » insiste Franck Robine. Motif d’espoir : selon l’ARS, il existe une corrélation entre absence de formation et déficit en professionnels de santé. Combler la première proposition apparaît comme une première étape incontournable. Elle vient d’être franchie.
S.P.
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