« Exceptionnelle. » Voilà comment Odycée Durupt qualifie l’année qui s’est écoulée. Au moment où nous échangeons avec elle, elle s’apprête à passer le partiel qui clôt sa première année en licence de psychologie à la fac de Besançon. Elle se rend à l’examen plutôt sereine. Entre autres parce que pour la première fois de sa vie, elle s’est épanouie en cours et sentie à sa place.
Car Odycée Durupt a un parcours pour le moins singulier. Diagnostiquée très haut potentiel intellectuel (THPI), elle a sauté trois classes. Un parcours qui peut faire des envieux, mais qui n’a pas toujours été simple à gérer pour celle qui a grandi à Brevilliers, un village de Haute-Saône. « Je m’ennuyais beaucoup à l’école, au point d’y aller à reculons et que ça devienne pesant », se souvient-elle. Et puis, elle raconte que ses camarades n’ont pas toujours été tendres. « Je ne ressentais pas trop la différence d’âge entre eux et moi mais certains me l’ont fait ressentir. Au collège par exemple, on m’a dit : « ne traîne pas avec nous, tu n’as rien à faire là, tu es un bébé » », rembobine l’étudiante.
Bac avec mention assez bien
Cette période est révolue. En 2022, elle obtient son bac au lycée Aragon d’Héricourt, avec une moyenne de 13,66, lui permettant d’avoir la mention assez bien. Et ce, quelques semaines avant de souffler sa 15e bougie. Deux mois plus tard, elle pose ses valises à Besançon pour commencer un cursus « passionnant », où elle valide son premier semestre sans encombre.
Son objectif à terme : devenir criminologue au sein de la gendarmerie. « J’ai toujours été attirée par tout ce qui relève du mystère, explique-t-elle. J’ai un oncle officier de police judiciaire qui me raconte parfois ce qu’il fait, et ça m’a donné envie, moi aussi, d’enquêter. » Pour ce faire, elle envisage de faire un master en psychologie et sciences criminelles une fois sa licence en poche.
A l’heure où ceux qui ont son âge entrent au lycée, elle s’est installée dans un appartement seule, à Besançon, à près de 100 km d’où vivent ses parents. Pour ces derniers, voir leur fille s’éloigner du foyer familial n’a pas été rude car ils avaient toute confiance en elle. Il faut dire qu’avant son départ, le couple - ingénieur pour lui et vendeuse à domicile pour elle - a vu ses deux autres enfants, les frères aînés d’Odycée, quitter le nid plus tôt que la moyenne. « L’aîné, âgé de 22 ans et technicien métrologue, a sauté une classe. Mon autre frère, qui termine sa troisième année de médecine à 19 ans, en a sauté deux », explique Odycée.
Elle a le sentiment de vivre comme ses camarades plus âgés, et d’être tout aussi autonome. « D’ailleurs, certains ont appris que j’avais trois ans de moins qu’eux seulement au moment où l’on a passé nos partiels ! » sourit-elle.
Passion badminton
Quand elle n’est pas sur les bancs de la fac ou plongée dans ses révisions, Odycée a un emploi du temps chargé. L’adolescente qui ne tient pas en place passe beaucoup de temps à faire du sport. Elle court, s’entraîne à la salle de sport, et enchaîne les entraînements en badminton, sa discipline de cœur… et dans laquelle, là aussi, elle a fait ses preuves. Cette année, elle est championne régionale en mixte chez les jeunes. Avide de nouveauté et pas du genre casanière, elle se plaît à tester des expériences à sensations fortes, comme le saut à l’élastique.
Son autre passion ? Les miss. En 2021, elle a décroché le titre de miss Franche-Comté dans la catégorie 13-15 ans. Cette année, elle concourt dans son département dans la catégorie 15-17 ans, et espère atteindre le niveau régional, et pourquoi pas national. Avant de s’essayer de nouveau à ce concours une fois qu’elle sera majeure ? « Je mesure 1,61 mètre, et malheureusement, il faut faire au moins 1,70 mètre pour concourir, regrette-t-elle. Ça aurait été un rêve de petite fille d’y participer. J’ai toujours adoré les miss, les paillettes, être sur scène. »
En attendant, ce n’est pas sur scène qu’elle va passer les prochains mois mais derrière un comptoir. Cet été, elle est serveuse dans un bar près du domicile familial. Avant de reprendre les cours en septembre, et, qui sait… de plus tard obtenir un bac+5 à seulement 20 ans.
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