Le film s'appelle provisoirement "le Lionceau" (1), titre qui n'est pas sans évoquer "l’Apprenti". Le résumé qu'en fait Samuel Collardey rappelle le fil thématique de son premier long métrage : sur les conseils peu scrupuleux d’un agent intéressé, un jeune africain arrive en France pour intégrer un centre de formation de foot mais galère avant d’être aidé par un ancien joueur. Samuel Collardey est partie d’une histoire vécue pour bâtir un scénario dont le côté «vérité» le rapproche de "l’Apprenti". En pleine préparation du tournage qui se déroule du côté de Montbéliard, il revient sur ce parcours moins linéaire qu’il n’y paraît. Entre les deux films, il a par exemple passé 10 mois sur un projet inabouti suivi «d’une période où j’ai un peu laissé le cinéma. Pour être réalisateur, il faut de la ténacité, il y a vraiment des moments difficiles. Heureusement, j’ai une double casquette et je peux aussi travailler comme chef opérateur.»
Sa fascination des caméras date des premiers caméscopes. Il se souvient du jour où il a tenu celui de son oncle entre ses mains, moment déterminant qui l’a finalement amené au BTS audiovisuel du lycée Viette. Il a ensuite travaillé pour la télé puis réussi le concours de la Fémis pour devenir chef opérateur. C’est durant ces études supérieures qu’il s'est forgé une vraie culture cinéma. «Jusqu’au BTS, j’avais une cinéphilie d’ado de base. A Montbéliard j’ai commencé à découvrir d’autres cinémas, des gens comme Renoir, Pialat, Truffaut. Et à la Fémis, ça a été à la puissance 10. On parlait de ciné du matin au soir».
Autre intérêt de l’école, celui de pouvoir se constituer un réseau, outil sine qua non de l’intégration au milieu du cinéma. «A la Fémis, ils forment en même temps des gens à tous les métiers. Dans une promo, il y a des scriptes, des producteurs, des scénaristes, des monteurs, des ingénieurs du son. Pendant 4 ans, on se côtoie, on apprend à travailler ensemble. Ensuite quand l’un est sur un projet il est naturel qu’il fasse appel à ceux qu’il connaît. C’est ce qui m'est arrivé. Dans la promo il y avait un Russe qui avait déjà fait une école de cinéma chez lui. J’ai travaillé avec lui comme chef opérateur. Au moment du tournage, le chef op est un peu le premier collaborateur de création du metteur en scène. A force, ça m’a donné envie de passer à la réalisation. Dans ce milieu où il y a beaucoup de relationnel, l’école est surtout un accélérateur de particules».
Son premier film en est directement issu : «Le PDG de Lazennec, également directeur du département production à la Fémis a donné une enveloppe à Grégoire Debailly, qui était avec moi à l’école, pour qu’il travaille avec un réalisateur sur un projet. Cela a été le point de départ de "l’Apprenti"».
Selon lui, même ceux qui ne passent par une école doivent avoir cette idée à l'esprit. «Dans ce milieu, on va de rencontre en rencontre. C’est pour ça que j’encourage les jeunes à faire des stages. Au début, on fait le casse-croûte, on conduit les voitures mais si on montre qu’on est impliqué, il y a des chances qu’on nous rappelle. Beaucoup de gens apprennent sur le tas, gravissent les fonctions : stagiaire, 3e assistant, 2e assistant, cadreur, etc. Parfois, il ne faut pas avoir peur de travailler gratuitement comme cela m’est arrivé, car cela permet de rencontrer des gens. Une carrière dans le cinéma, c’est 50 % de talent, de savoir-faire et 50 % de réseau, de savoir-être. Sauf pour les boulots très techniques où là, il faut une très bonne maîtrise».
Stéphane Paris
(1) NDLR : le film est finalement sorti sous le nom "Comme un lion".
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