«L'agriculture, je baigne dedans depuis tout petit. J’ai toujours aimé ça, toujours voulu faire ça. L’été, je faisais les foins, je conduisais le tracteur». Sachant ce qu’il voulait, il n’a pas eu à réfléchir à sa formation : deux années de Bep puis un bac pro production animale à la MFR de Fougerolles, deux stages dans des fermes dont l’un pour se perfectionner en mécanique agricole, dans le cadre du programme d’installation.
Aujourd’hui, il est associé avec ses parents, en Gaec, depuis 2006. Une ferme de 126 ha, 130 bêtes, un quota de 230 000 l de lait. «Quand j’ai voulu m’installer, aucune ferme ne se libérait, alors je l’ai fait sur les hectares de mon père. Cela a permis d’investir, de moderniser l’exploitation. Ce n’était pas évident au départ, car on ne savait pas si on allait s’entendre, mais finalement ça se passe bien, on dialogue, on prend les décisions ensemble». C’est même tout bénéfice, selon son père : «Cela nous a soulagé, donné une bouffée d’air. On a un peu plus de temps, on peut partir en week-end de temps en temps». Il a aussi fait preuve de souplesse, laissant son fils expérimenter selon ses propres méthodes lorsqu’il le souhaitait. Le bio par exemple : il a toujours travaillé comme ça, depuis son installation en 1985. «Le bio, on ne m’en a quasiment pas parlé à l’école. Quand je me suis lancé, j’étais un peu réticent. Alors j’ai essayé un peu en « non bio », mais je me suis aperçu que cela ne servait à rien». Depuis, il a suivi les traces de son père : les céréales produites sans engrais chimique sont consommées par leurs bêtes, ce qui leur permet d’être en autarcie. «On n’achète que du sel. On produit du lait qui ne nous coûte presque rien, c’est notre point fort. 42 euros les 1000 litres, notre comptable nous a dit qu’aucune ferme aux alentours ne pouvait en produire à ce prix-là». Le Gaec leur permet un peu de temps libre, même si Vincent n’a pu s’octroyer, depuis qu’il travaille, qu’une semaine de vacances en Tunisie pour ses 25 ans. «Il y a le service de remplacement, mais ce n’est pas évident d’expliquer les particularités de la ferme et quand on part, on n’est pas tranquille. Alors on y est matin et soir, 7 jours sur 7, toute l’année. On commence tôt, l’hiver on est au froid. C’est contraignant, mais on fait un métier qu’on aime, on est indépendants, on organise le travail comme on veut, à part pour la traite».
Stéphane Paris
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