Gustin, Simon, Mathis, Geoffrey, Antoine. Tranche d’âge, 19 – 23 ans. Cinq jeunes apprentis et heureux de l’être dont les chemins se croisent à Lantenne-Vertière, sur l’un des sites de l’entreprise Wienerberger, fabricant de tuiles et briques. L’apprentissage ? Ils sont convaincus d’avoir fait le bon choix. Geoffrey le résume par un regret : «rétrospectivement, je ferais même le bac en apprentissage. Au départ, je voulais faire mécanique auto mais ça ne m’a pas plu. J’ai essayé maintenance et ça m’a intéressé direct».
Simon n’est déjà plus apprenti : après sa licence pro, il a été embauché. «Je suis passé par l’apprentissage pour l’expérience professionnelle. On voit vraiment comment ça se passe dans l’entreprise et c’est plus facile pour trouver du travail. Je le vois par rapport à ceux qui ont fait le BTS en initial : on est mieux armés pour la pratique».
Originaires du Jura comme lui, Mathis, Geoffrey et Antoine passent par le même BTS maintenance, au CFAI de Gevingey. «On apprend mieux en étant sur le terrain, on voit en conditions professionnelles ce que l’on fait, résume Antoine. On se rend vraiment compte si ça nous plaît ou pas. Et puis on a un salaire. Le seul petit inconvénient est que l’on bosse plus car on doit faire le même programme que les autres».
Stratégie gagnant-gagnant
Wienerberger : une entreprise autrichienne née il y a 356 ans, devenue internationale. Leader mondial de la terre cuite, elle possède 9 sites en France qui emploient 800 personnes. En moyenne, 30 à 40 alternants sont présents. Une politique volontariste qui va au-delà des 3 % d’apprentis exigés par la branche tuiles et briques. «Ce n’est pas une directive du siège autrichien mais véritablement un choix de la partie française soutient Angélique Trabey, gestionnaire RH à Lantenne-Vertière. Pour nous c’est gagnant-gagnant. On leur offre un lieu d’apprentissage en vue de leur diplôme, un savoir-faire et des compétences professionnelles. Mais on les forme à notre façon dans l’éventualité d’un recrutement, avec la perspective d’une intégration immédiate. Et leur présence contribue à l’ambiance du travail et nous apporte un œil neuf». Un état d’esprit dirigé vers les jeunes affirmé par la formation de tuteurs ou l’accueil d’une dizaine de stagiaires par an, venant de la 3e aux écoles d’ingénieurs. «On ne s’arrête pas au savoir-faire précise Angélique Trabey. La motivation, le respect, la curiosité sont des qualités que l’on regarde en priorité».
La maintenance en tension
En ce qui concerne les apprentis, le recrutement à l’issue de la formation est fréquent, notamment dans la maintenance, «domaine où nous avons du mal à trouver des techniciens». Mais Wienerberger reçoit des alternants dans quasiment tous les autres métiers représentés dans l’entreprise : production, sécurité, qualité, vente, bureau d’études et fonctions tertiaires (marketing, communication, RH, controlling, achats, informatique, assistanat administratif).
Gustin est au service méthode où il fait de la gestion de projet. C’est sa 4e année dans l’entreprise. Ce jeune homme de Lure a passé un bac S, un DUT génie industriel avant d’entrer dans un cursus menant à un diplôme d’ingénieur par alternance grâce à un partenariat Ensmm/CFAI. «L’alternance, c’était un choix parce que je ne pouvais pas payer des études supérieures. C’est le critère majeur. Mais pour mon métier, c’est également très important de voir l’aspect pratique. Il y en a d’autres pour lesquels ce serait moins évident, comme ingénieur calcul, qui demande énormément de théorie». Mathis, en 2e année de BTS à Gevingey, envisage lui aussi d’aller plus loin, «sans savoir encore dans quoi». «En fin de terminale, je n’avais pas d’idée. Mon père m’a parlé de la formation, je me suis dit pourquoi pas. Je ne connaissais pas, mais ca m’a plu. En associant théorie et pratique, l’apprentissage m’a permis de mieux voir le système, de mieux comprendre».
Stéphane Paris
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