Qu’est-ce qui vous a décidée à effectuer ce tour du monde ?
C’est écrit au début de mon livre : l’envie de voyager. J’étais partie avec Permis Vacances Travail en Australie et j’avais en tête d’en demander un nouveau pour la Nouvelle-Zélande, avant d’atteindre l’âge limite de 31 ans révolus. Et puis je me suis souvenue être tombée sur un site de Français qui étaient partis en tour du monde à pied. Je les ai contactés et après avoir vu un documentaire à leur sujet, je me suis décidée. Il y avait vraiment des personnes qui vivaient autrement qu’en suivant le schéma métro-boulot-dodo ! Pour moi, cette décision était liée à un cheminement de vie. Je n’étais pas vraiment randonneuse, je ne savais pas quel matériel il fallait, je ne connaissais pas les tentes à double toit, je n’avais aucune idée des démarches administratives, je ne savais rien. Alors je me suis renseignée sur tout et j’ai mis 9 mois à préparer ce voyage.
Pourquoi à pied ?
C’était une évidence, notamment après avoir vu que d’autres l’avaient fait. Je trouvais ça fou, mais c’était donc possible ! Je voulais quelque chose de lent, d’écolo, d’économique. Je voulais aller à la rencontre des gens dans l’indépendance et la liberté. Et je n’aime pas le vélo qui, d’ailleurs, implique des contraintes, un entretien voire des blessures.
A pied aussi.
C’est plus difficile de tomber qu’à vélo ! Je ne me suis jamais fait mal.
Vos étapes étaient longues ?
C’était variée. Comme j’étais 100 % autonome et que je ne m’étais rien imposé, je n’avais pas d’objectif. J’ai fait en moyenne 25 à 30 km par jour. Quand j’ai commencé à regarder l’itinéraire, j’avais extrapolé 10 ans. Finalement, le voyage a duré 8 ans. Ça fait long, mais je n’ai pas trouvé de raison de m’arrêter avant ! Mais je m’étais fixée une limite. Au cours du périple, j’ai rencontré des gens qui avancent sans but, qui ne savent plus revenir. Je ne voulais pas ça !
Etait-ce compliqué du point de vue administratif ?
Pas tant que ça. C’était pourtant la grande interrogation. Il n’y a jamais rien eu de compliqué, mais lors de problèmes liés à des circonstances particulières. Je n’ai eu besoin de visas que dans 6 des 30 pays que j’ai traversés. Et même ça, ça se fait en quelques minutes.
L’un des aspects étonnants, que vous mentionnez pour chaque pays traversé, est le faible montant des dépenses.
J’avais prévu un budget moyen de 4 euros par jour et finalement, je suis arrivée à 4,20 euros ! Les premières années, ce n’était même pas 2 euros par jour. Le plus gros, c’était pour la nourriture et pour envoyer des photos aux gens que j’avais rencontrés. Je n’ai pas eu besoin de travailler pour de l’argent, mais j’ai fait un peu de volontariat en échange d’hébergement et de nourriture. Je voulais montrer qu’on peut vivre des choses extras sans dépenser des millions, que partir en vacances ce n’est pas seulement dépenser du fric et aller à la mer dans des lieux touristiques. Pour moi, c’est d’abord changer de quotidien et ça peut être gratuit. On peut avoir des activités qui ont plus de valeur que se faire bronzer sur une plage.
Vous vous êtes arrêtée juste avant la pandémie Covid. Hasard ou nécessité ?
Hasard. Je n’ai pas fait l’Amérique du sud car en cours de route j’ai eu envie de faire autre chose. Au Panama, je suis repartie en bateau avant de finir le trajet en France pour retourner à mon point de départ, Lons-le-Saunier. Je suis arrivée 6 mois avant la pandémie. Avec le recul, je me dis « merci la vie » ! Si j’avais dû arrêter et revenir, j’aurais déprimé. Je suis rentrée selon ma propre décision, de la façon qui me convenait le mieux.
Où en êtes-vous aujourd’hui par rapport à ce voyage ?
Ce projet n’est pas terminé. Il se poursuit avec un site, des projections-débats à partir d’un film de 22 mn, un livre. J’organise aussi des stages rando bivouac de 2 jours parce que je me rends compte que dormir dehors fait peur à beaucoup de monde. Sur le site, il y a des conseils pratiques pour préparer un voyage comme ça et pour vivre en itinérance. Tout cela me permet de partager mon expérience et ma vision du monde. Je suis encore dans l’intégration de ce que j’ai pu apprendre sur moi, sur les autres, sur le monde. Ça me nourrit toujours intérieurement. Et puis j’aimerais retourner voir des gens qui m’ont invitée au cours du trajet.
Y a-t-il des endroits où vous aimeriez particulièrement retourner ?
Difficile de choisir ! Je dirais l’Alaska pour le côté sauvage, nature, grands espaces et l’Iran pour les gens et la culture locale. Ces deux endroits, à des titres différents, c’était vraiment des trucs de fou !
Il y a beaucoup de choses dans la première partie de votre livre, Pieds libres - Huit ans autour du monde. Plus de 10 ans après votre départ, sur quoi vous basez-vous ?
J’ai des notes, des photos, des vidéos pour recomposer ce que j’ai vécu. Il y a des éléments qui n’y figurent pas dont je me souviens et inversement, j’en retrouve dont je ne me souvenais plus du tout ! Je suis partie sur 3 volumes car je voulais inclure énormément de photos, ce qui implique un certain type de papier et donc un certain poids. En un volume, j’aurais dû raccourcir, mais je voulais aussi montrer qu’il y a une certaine routine quand on voyage. Souvent, je faisais mon sac, je marchais, je m’arrêtais, je défaisais mon sac. Toujours la même chose, mais pas dans le même décor. Donc il y aura 3 volumes avec, c’est bien tombé, 10 pays par volume. Je pense publier le 2e l’an prochain et le 3e en 2025.
Recueilli par S.P
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