Sixtine Geffroy a toujours aimé avoir les pieds dans l’eau. Petite, dans le Poitou-Charentes où elle grandit, elle va souvent à
la pêche. Ses études de biologie la conduisent à Besançon, en 2013, où elle suit sa dernière année de master en hydrobiologie (1), à l’Université de Franche-Comté. Après plusieurs CDD dans la région, elle finit par décrocher un poste de chargée de mission pour créer une nouvelle structure : un établissement public d’aménagement et de gestion de l’eau. Cet Epage vise à regrouper les communautés de communes autour du bassin versant de la Seille, de la plaine jurassienne au bassin de Bourg-en-Bresse, pour qu’elles se concertent sur la façon de gérer cette rivière et les différents cours d’eau qui l’entourent. Après 3 ans à développer ce projet avec les élus, Sixtine arrive au terme de cette première mission en juillet 2022, quand l’Epage Seille et Affluents est officiellement créé. Elle en devient alors la directrice.
Restaurer les cours d’eau
« Mon rôle est aujourd’hui de mettre en œuvre le plan d’action de l’Epage, c’est-à-dire de restaurer les milieux pour qu’ils fonctionnent comme avant », résume Sixtine, avant de détailler : « Par le passé et notamment après la 2e Guerre mondiale, les cours d’eau ont subi de nombreux aménagements humains : ils ont été curés, élargis, leurs méandres ont été supprimés… » Résultat : là où se trouvaient des ruisseaux sinueux, se sont dessinés des cours d’eau plutôt rectilignes, bien tracés, avec des berges hautes. Ce nouveau paysage a, certes, permis de gagner en surfaces exploitables par l’homme, mais il présente aujourd’hui ses limites : « Lorsqu’il y a de grosses précipitations, rien ne peut retenir l’eau, qui s’écoule avec plus de débit et plus de force que lorsqu’elle s’étale hors de son lit », explique Sixtine. À la clé : des inondations régulières. Et ce, sans même permettre de remplir les nappes alluviales des cours d’eau !
« Donc, quand il ne pleut pas, il n’y a plus de réserve d’eau pour alimenter les rivières » se désole la directrice de l’Epage.
« Garder un pied sur le terrain »
Sa mission, avec son équipe, est donc de redonner aux cours d’eau un fonctionnement plus naturel. Grâce à des travaux, il est en effet possible de faire en sorte qu’une rivière coule de nouveau dans son lit – presque – originel. Ces restaurations ont plusieurs avantages, qui ont pu être observés notamment dans le Drugeon. Cet affluent du Doubs, a été largement restauré : le nombre de poissons a augmenté, tout comme la capacité de stockage et le remplissage de la nappe d’accompagnement du cours d’eau.
Ces réaménagements visent aussi à atténuer les crues, dans la mesure où les cours d’eau peuvent plus facilement déborder en s’étalant, et où leur débit est réduit. Le travail de Sixtine et de ses collègues est multiple : mener des études pour repérer les anciens méandres, identifier les endroits où des travaux sont possibles, expliquer le projet aux propriétaires des berges visées, répertorier la faune et la flore du cours d’eau, puis élaborer différents scénarios d’intervention… Sur le bassin versant de la Seille, plusieurs sites pourraient bientôt faire l’objet de travaux, dans le Jura, mais aussi dans l’Ain. « Je coordonne les différents projets, souligne Sixtine, je cherche des financements, j’accompagne les techniciens… Mais je voulais absolument garder un pied sur le terrain, et pouvoir chausser les bottes de temps en temps ! »
Camille Jourdan
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