Ils ont entre 18 et 65 ans et ont connu des parcours très variés. Du licenciement économique à l’incarcération en passant par des problématiques de santé ou d'addiction, ils ont rencontré tous types de difficultés qui les ont éloignés de l'emploi. En 2022, 89 personnes ont bénéficié d'un accompagnement par Économie Solidarité Partage, une association basée à Tournus et active sur les communautés de communes Mâconnais-Tournugeois, Entre Saône et Grosne et Terres de Bresse.
4 activités de support
L'association, qui est une structure d'insertion par l'activité économique, propose des parcours d'insertion professionnelle et travaille en partenariat avec Pôle emploi et la mission locale. Les personnes accompagnées sont embauchées pour une durée maximale de 2 ans et travaillent sur une des 4 activités de support d' Économie Solidarité Partage : la ressourcerie, le petit chantier d'entretien des espaces verts, l'épicerie sociale et solidaire et le chantier de maraîchage biologique. En moyenne, l'association tournusienne emploie 65 salariés dont quelques permanents. Fanny Gonzalez est directrice de l'association depuis 6 ans. « Notre rôle est de lever les freins qui empêchent les personnes d'aller vers l'emploi. On est là pour aider à la rédaction de CV et de lettres de motivation mais aussi pour résoudre des problématiques de logement, de garde d'enfants, de justice ou de mobilité. On a des possibilités de financement de permis de conduire par exemple. »
Une nécessité de développement
L'épicerie sociale et solidaire est la branche la plus ancienne de l'association. Située à Tournus à côté de la ressourcerie, elle est réservée aux personnes ayant un pouvoir d'achat réduit suite à un accident de parcours. « Aujourd'hui on a 680 bénéficiaires, cela représente 289 foyers, dont 60 % à Tournus même. » Une nette augmentation de la demande qui doit faire face à une baisse d'approvisionnement. « Tous les jours, on récolte les produits à date du jour dans les grandes surfaces. Depuis les réductions sur les dates courtes en magasin et les paniers antigaspi, on a de moins en moins de produits frais et de fruits et légumes. En 2018 on était à 800 € d'achat sur l'année, aujourd'hui c'est 9000 €. » C'est en réponse à cette problématique que le chantier de maraîchage biologique a vu le jour en 2021. « On a commencé avec 3 salariés et une prairie, aujourd'hui 3,73 hectares sont cultivés avec 12, 13 salariés en cours d'insertion. » Dénommé « De la graine à l’assiette », ce projet a été récompensé par un prix de l'ESS de la Région en 2022.
Le chantier d'entretien des espaces verts a lui aussi été pensé pour répondre à de nouveaux besoins. Le broyage des déchets verts a fait suite à la loi interdisant de les brûler et le désherbage a été proposé après l'interdiction des produits phytosanitaires.
La sensibilisation au développement durable
Une fois broyés, les déchets verts sont, la plupart du temps, gardés par les clients. « Il y a un aspect pédagogique très important. Les salariés rencontrent un maître composteur qui les forme à l'utilité du broyat et à la manière de l'expliquer aux particuliers. Le président de l'association, qui est aussi animateur nature, sensibilise aussi beaucoup à ce sujet. Dans les rares cas où les clients ne gardent pas les déchets, ils sont ramenés sur le chantier de maraîchage biologique et servent au compost ou au paillage. » Quant à l'épicerie sociale et solidaire, elle est quasiment zéro déchet. Les produits n'ayant pas été vendus sont proposés sous forme de panier à 10 € et sont achetés par un public solidaire. Les fruits et légumes trop abîmés sont compostés au maraîchage. « Aujourd'hui tout est écoulé, on a plus du tout de perte. » Pour Fanny Gonzalez, la transition sociale n'est pas dissociable de la question écologique. « On a une vraie mission d'éducation, de transmission de valeurs pour avoir demain des personnes qui arrivent sur le marché de l'emploi avec cette conscience écologique. »
Les enjeux de demain
De nombreux projets sont en réflexion comme la mise en place d'un service de livraison qui desservirait les villages alentour en produits de l'épicerie solidaire. Deux études sont en cours. La première, avec le CNRS, examine l'impact des dynamiques citoyennes sur la transition écologique. La deuxième avec la Maison des Sciences de l'Homme et l'institut Agro Dijon s'interroge sur la précarité alimentaire. « On réfléchit à des solutions sur l'alimentation de demain et sur le droit à l'alimentation qui, aujourd'hui, n'existe pas. »
Lauriane Noel
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