Les 3 et 4 juillet dernier, un avion Robin aircraft faisait partie des 126 produits présentés à l’Elysée pour la Grande Exposition du fabriqué en France. Une note de prestige de plus pour l’entreprise qui est la dernière au monde à concevoir des avions en bois. A Darois, dans des bâtiments et hangars créé en 1957, 10 000 m2 d’ateliers respirent le savoir-faire artisanale unique d’une entreprise à taille humaine. Entièrement fabriqués et assemblés sur place les DR-401 et CAP10-C sont des fleurons de l’aviation civile française. Le fait-main n’empêche pas un haut niveau de savoir-faire et d’expérience transmis depuis 6 décennies. Significativement, la Marine nationale vient de passer commande de deux CAP10-C, des avions de voltige. Sur les aérodromes, les appareils de tourisme DR-401 sont très appréciés des aéroclubs, en particulier pour apprendre à voler. Depuis 1957, 3000 avions ont été fabriqués. 870 sont en circulation.
De loin, impossible de se douter que ces avions sont en épicéa, en pin d’Orégon, avec un peu de hêtre et de frêne. Très peu de pièces en métal : le moteur, les hélices. En soustrayant verrière, pneus, sellerie et avionique, on arrive à 75/80 % de bois. Il y a aussi une tôle pour isoler le moteur. Question de sécurité. A chaque étape de la fabrication, pour la soixantaine de salariés de l’entreprise, c’est le mot-clef. « Il y a beaucoup de normes. Toutes les pièces sont vérifiées. Tout est tracé et suivi, y compris la colle. Tous les bois reçus sont testés avec des normes aéronautiques. Si jamais il y avait un problème, on saura trouver d’où il vient » explique Médéric Bernard, responsable de la communication. Mais des problèmes, il y en a peu. « Il y a deux principaux avantages à ces avions. D’abord leur légereté. Ensuite, tout est réparable alors que pour un avion en acier c’est beaucoup plus compliqué, voire impossible ». Du bois découle une plus grande maniabilité, des coûts d’achat et d’entretien plus bas et une longévité exceptionnelle. Le bois est plus durable.
Reste que Robin aircraft n’a pas d’équivalent. Les inconvénients ont rebuté les autres avionneurs. D’abord la difficulté à trouver une main d’œuvre dont le profil est rare et nécessite une formation particulière et pointue. Ensuite une fabrication qui demande du temps, presque à chaque étape (celle, importante, de la mise en croix ne demande cependant que 3 mn). Le côté artisanal est imposé par des pièces qui ne peuvent être faites à la machine. L’entreprise sort actuellement 2 appareils par mois en moyenne. « On espère augmenter la cadence et passer prochainement à 3, notamment grâce au plan de relance gouvernemental ». Les 1,7 million d’euros ont déjà servi à l’acquisition d’une machine de découpe à jet d’eau. Outre la production, l’entreprise pense à d’autres développements : un cluster aéronautique autour des problématiques d’énergie et d’environnement et la fabrication d’avions avec la plus faible empreinte carbone possible.
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