Après avoir servi à soi-gner les malades pendant trois siècles et demi, le bâtiment de l'hôpital de Dole est pour ainsi dire désormais dévolu au soin des esprits. Depuis l'an dernier, la médiathèque de la ville a pris place dans ce lieu de prestige, monument historique classé. L'initiative fut aussitôt suivie d'effets : 7000 abonnés la première année, soit plus du double de l'ancienne bibliothèque municipale. Une ampleur apte à conforter le choix du site : « Nous avons le propos d'élargir le public et notamment de donner envie aux jeunes de venir. Nous avons la vocation de faire se côtoyer toutes les générations » résume la directrice, Danièle Ducout.
La nouvelle installation n'explique pas à elle seule le bond des inscriptions. La modernisation et le renouvellement qui l'ont accompagnée ont aussi eu leurs effets. Chaque inscrit peut désormais, sur réservation, surfer sur Internet 3/4 d'heures par jour. « On a été débordés au début, il a fallu qu'on instaure un système d'identification de la carte de lecteur. Désormais, tout se passe plutôt bien. Les jeunes utilisent facilement le Net, les aînés ont besoin de se familiariser mais nous avons plusieurs jeunes médiateurs multimédia pour apporter aides et conseils ». CD-rom (certains à emprunter, d'autres à consulter sur place), disques, vidéos, DVD ont également trouvé place dans le nouvel espace, au sein d'un secteur images et sons très attractif, incluant la possibilité de visionner des films. Enfin, comme ailleurs, le chéquier Avantages Culturels du Conseil régional s'est révélé très efficacement incitatif : « Parmi ceux qui utilisent le chèque d'inscription gratuite, les trois quarts sont des nouveaux abonnés ». Autre initiative originale due à la Ville, les dossiers thématiques réalisés par la documentation adminis-trative à partir de journaux nationaux ou régionaux sont désormais à disposition du public. Comme s'en réjouit Danièle Ducout, l'ancien 'hôpital est désormais un lieu où « passé, présent et avenir cohabitent ». Quatre services municipaux proches y travaillent, regroupant 35 personnes : la bibliothèque municipale, la documentation administrative et juridique, les archives municipales et l'animation du patrimoine. Le bâtiment lui-même est un lieu de mémoire de la ville et se visite, certaines pièces ayant été conservées en l'état : belle apothicairerie, chapelle centrale XVIIIe en forme de temple grec, bureau de la mère supérieure, cloître aux galeries voûtées... Une salle de conservation du patrimoine permet aussi d'admirer cartes, plans, cadastres, globes, gravures confiés au fil du temps à la bibliothèque tandis que la salle du Trésor donne un aperçu des plus beaux ouvrages et des plus anciens manuscrits lui appartenant. Dans cette association du passé et du futur, le livre imprimé demeure le principe conducteur. « Nous restons des gens du livre, insiste Danièle Ducout et ici, tout doit ramener au livre. Les nouvelles technologies sont un moyen, pas une fin en soi ».
A l'étroit au collège de l'Arc, la bibliothèque municipale a trouvé espace plus approprié dans les murs de l'ancien hôpital. Le cadre se prête bien à recevoir un centre culturel. Pas feutrés, lectures tranquilles, salles vastes, rayons espacés. Les architectes de la rénovation ont respecté l'organisation générale du lieu en l'adaptant. Ils lui ont donné de la respiration, l'ont meublé de structures en hêtre comme ce grand escalier bordé de rayonnages qui, selon la directrice, leur a permis de gagner le concours. Et surtout, ils ont pensé chaque espace (livres, salle jeunesse, salle image et son) de manière
originale et autonome. « La salle de lecture est par exemple une allusion manifeste aux alcôves de l'ancien Hôtel-Dieu ». Lequel, après avoir abri-té des malades sert aujourd'hui à prendre soin de livres.
Stéphane Paris
Commentaires
Afin de poster un commentaire, identifiez-vous.