mars 2025

La Vapeur, 30 ans au service des musiques actuelles

La salle dijonnaise célèbre son anniversaire avec un week-end festif et en grande partie gratuit du 14 au 16 mars. Entretien avec Yann Rivoal, le directeur.
Photo Vincent Arbelet
La Vapeur, 30 ans au service des musiques actuelles La Vapeur, 30 ans au service des musiques actuelles

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Ce week-end des 30 ans fait la part belle aux artistes accompagnés par La Vapeur. C’est quelque chose de très important pour vous ?
Oui, très. Pour ce week-end, on voulait mettre en valeur La Vapeur plus que des grands noms de la scène internationale, montrer toutes les composantes de l’activité, la programmation mais aussi l’accompagnement et la médiation. On a un peu dérogé pour le vendredi soir avec Kompromat, mais parce qu’on a une histoire particulière avec ce duo composé de Vitalic, qui est dijonnais et Rebeka Warrior, qu’on connaît bien aussi. Ensuite, samedi et dimanche, ce sera gratuit pour tout le monde, avec des concerts pour les tout petits, puisque le jeune public fait aussi partie de nos attentions toute l’année, un temps d’échanges sur l’évolution des musiques actuelles depuis 30 ans. La soirée du samedi est exclusivement consacrée aux artistes locaux accompagnés pour montrer la richesse et la diversité de la scène d'ici.

La Vapeur est née de la fédération Hiero, plutôt rock. Qu’est-ce qui a changé depuis ?
C’est vrai que la salle est née du rock qui était, avec la chanson, le style dominant à l’époque. Mais depuis, ça s’est vraiment diversifié, notamment avec le rap, le genre le plus écouté et le plus vu en concert, mais aussi l’electro. Les musiques actuelles ont évolué, avec beaucoup de porosité entre elles. Le rock est toujours là, et il y a aussi le metal, le dub, la chanson, avec beaucoup de sous-catégories. La pratique des concerts s’est également beaucoup développée. Les festivals, les médias, Internet, la construction de salles sont autant d’éléments qui l’ont rendue plus vaste et populaire.

Qu’est ce que représente La Vapeur en 2025 ?
Elle est née en tant que lieu de concerts et studio d’enregistrement, mais aujourd’hui, on fait plein de choses différentes. Sur une année, on reçoit 60 000 personnes dont 36 000 pour les concerts. Tous les autres, c’est la médiation culturelle, le studio d’enregistrement, les répétitions, un restaurant qui marche très bien et même des privatisations d’entreprises.

Et en termes de concerts ?
On a 90 à 100 soirées dans l’année, avec 30 % d’artistes locaux et régionaux. On essaie d’équilibrer, de faire jouer tous les styles y compris des niches musicales, des gens reconnus et des débuts de parcours. On fait attention à la représentation féminine, à avoir toutes les origines culturelles.

Vous organisez aussi l’Extra festival.
Il correspond à notre volonté d’avoir un temps fort pour mettre en valeur tout ce qu’on fait, de façon différente. On a fait le pari de la découverte artistique. Quand quelqu’un voit le programme, c’est normal s’il ne connaît personne ! C’est pour ça que le festival est gratuit et qu’il se déroule à des endroits et des horaires inhabituels, en y mettant aussi des projets en milieu scolaire. L’an dernier, on avait un rendez-vous au lever du soleil ; on le refera cette année. On travaille les formats et la convivialité pour attiser la curiosité et donner envie aux gens de venir. On en profite pour insister sur des thématiques sociétales qui nous tiennent à coeur comme la mobilité durable ou la biodiversité.

Des souvenirs qui vous ont particulièrement marqué au cours de ces années ?
Il y en a plein ! Peu de temps après mon arrivée, il y a eu Patti Smith, une artiste quand même emblématique. Un grand moment. Je me rappelle aussi d’un concert incroyable du groupe allemand The Notwist ou du premier passage d’Orelsan. Il y a beaucoup de bons souvenirs d’artistes et d’ambiances.

On imagine que la période du confinement a été l’un des points noirs.
Ça l’a été pour tout le monde. Au-delà du confinement, il s’est facilement passé 2 ans avant que l’on revienne à un fonctionnement normal. Mais on peut aussi féliciter l’État et les collectivités qui ont continué à soutenir financièrement le secteur.

Il y a eu aussi le Bataclan et la période qui a suivi.
Ça nous a évidemment tous traumatisés. Mais on a fait le choix de ne pas s’arrêter, de défendre nos libertés. Plus spécifiquement pour nous, on avait quelques mois après un permis de construire en instruction. Il y avait une sorte de panique, ce qui a occasionné de longues discussions et des règles de sécurité folles.

Des souhaits d’artistes pour l’avenir ?
Il y en a plein, dont certains  qui sont de l’ordre du fantasme pour une salle comme la nôtre ! Ce qui nous intéresse beaucoup, ce sont ceux qu’on ne connaît pas encore. Il y a 2 ans, on a programmé Zaho de Sagazan quand personne n’avait encore entendu parler d’elle. Son album est sorti, les ventes ont explosé sans qu’on s’y attende. Maintenant, c’est une artiste qu’on ne reverra jamais ici ! Mais ce n’est pas la première fois, on a déjà eu des gens comme Orelsan, Angèle, Radiohead, Muse, avant que leur notoriété soit trop importante. C’est ce qu’on recherche.

Recueilli par S.P.
En savoir +
Programme du week-end des 30 ans


La Vapeur en dates
1995
Après plusieurs mois de demandes de musiciens et associations culturelles dijonnaises, les négociations avec la Ville aboutissent à l’inauguration de La Vapeur le 3 avril. Après quelques mois, la Ville prend la gestion de l’établissement.
2002
La Ville crée des postes de régisseur général, programmateur et chargé de communication pour faire de La Vapeur un acteur culturel à part entière.
2006
La Vapeur devient un Epic (établissement public industriel et commercial).
2012
La Vapeur est labellisé scène de musiques actuelles (Smac).
2018
Après rénovation et extension, la « nouvelle » Vapeur est inaugurée le 7 février.
2021
En association avec La Cuisine flottante, La Vapeur ouvre les cornichons, cantine ouverte à tous.



lavapeur.com

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