Activité de loisir conviviale ou pratique sportive sans compétition ni dopage, la randonnée connaît un succès grandissant. Le comité national des sentiers de grande randonnée, né en 1947, s'est transformé au début des années 80 en fédération sportive pour correspondre à l'évolution de la pratique et rassembler des amateurs de plus en plus nombreux. Aujourd'hui, elle compte 140 000 licenciés, 2400 clubs et 6000 bénévoles qui entretiennent les sentiers de grande randonnée, les sentiers de randonnée de pays et les sentiers de petite randonnée. Dans ce panorama, la Franche-Comté n'est pas en reste. L'été dernier, 119 000 nuitées ont été vendues dans les hébergements liés à la randonnée en Franche-Comté. Plus de la moitié dans le Jura, terre privilégiée des longues marches, mais la région dispose d'un panel adapté à tous les goûts, haute montagne exceptée, avec des GR d'une centaine de kilomètre ou des sentiers de petite randonnée, des parcours plats et d'autres plus ardus et de nombreux sentiers de découverte de la nature ou du patrimoine agrémentés de panneaux explicatifs. Hauts plateaux du haut Jura, Pays de Montbéliard, lac de Vouglans, ballon d'Alsace, pla-teau des Mille Etangs, les sites propices sont nombreux... Au total, près de 8000 km servent dans la région cette pratique de loisir très pratiquée. Guy Berçot, président du comité régional, explique l'essor actuel.
La randonnée a pour particularité de pouvoir se pratiquer facilement sans licence. A-t-on tout de même une idée du nombre ?
A peu près 30 millions de personnes randonnent. Là-dessus, il y a environ 4 millions d'assidus qui pratiquent de façon
intensive. Le reste, c'est plutôt des pratiques familiales, de temps à autre. Il y a environ - 180 000 km de sentiers en France. Tout le monde peut y accéder, sans droit d'entrée. Et bien souvent, les gens qui pratiquent ne savent pas du tout comment c'est entretenu. La randonnée est de la compéten-e des Conseils généraux qui subventionnent les différentes associations pour l'entretien des sentiers.
Que pensez-vous de l'essor actuel ?
Avant, la pratique était surtout sportive. Et puis, au fil des années, notamment à partir des années 85 - 90, les pratiquants se sont diversifiés, on a commencé à voir apparaître des sentiers de petite randonnée, avec un public familial qui sortait un peu du secteur de spécialistes avec grosses chaussures, chaussettes montantes, sac à dos qui arpentent 30, 40 km dans la journée. Il y a une vingtaine d'années, quand on traversait les villages, on était quand même regardés. Maintenant, ce n'est plus le cas. Le temps libre ayant augmenté, on a des gens de tous les âges qui pratiquent de façon simple et agréable. Avec aussi la nécessité, je pense, de se retrouver dans la nature, le calme, de déstresser, de prendre un peu son temps, d'observer. A ma connaissance, c'est une des toutes premières pratiques actuellement. Elle est dans les 10 premières citées par les gens. Cela s'explique facilement : c'est une activité qui ne coûte pas cher, que l'on peut faire en famille, selon son niveau, à son rythme, marcher 1 h, 2 h, 5 h. Il y a vraiment un large panel de possibilités sans avoir la nécessité d'être dans une structure bien encadrée, avec tel ou tel équipement. Une bonne paire de chaussures, c'est essentiel, un sac à dos avec au minimum une gourde, un peu de vêtements et de nourriture - que bien souvent les gens oublient de prendre. Cela ne va pas chercher loin.
Est-ce que les jeunes pratiquent beaucoup ?
Ce n'est pas une activité où l'on voit tellement de jeunes, de gens de l'adolescence à la trentaine. Parce qu'ils recherchent plutôt la compétition, se mesurer avec quelqu'un ou un chrono. La randonnée n'offie pas cette optique-là. Même si on essaie de mettre en place des sortes de challenges pour ce public. Pas vraiment de la compétition mais par exemple mélanger la randonnée et l'orientation ou la lecture de carte. Mais faire 15 ou 20 km à pied n'est pas ce qui branche les ados.
Quel est le rôle de la fédération ?
D'abord représenter les randonneurs devant les pouvoirs publics, la fédération étant délégataire de Jeunesse et Sports. Le deuxième élément est de proposer une assurance aux clubs adhérents. Troisième chose, très importante, la formation : à mon avis, il devrait y avoir au minimum un cadre breveté par club. Or, il y a énormément d'associations qui n'en ont pas. Ce sont des animateurs compétents pour encadrer et mener des randonnées en toute sécurité et en toute responsabilité. La formation de 80 h est assez intensive. On forme sur le plan national environ 400 animateurs par an. Avec un brevet fédéral de bénévole reconnu par Jeunesse et Sports. Et on est actuellement en discussion pour créer un brevet d'Etat randonnée pédestre. Il y a également d'autres types de formations : baliseur, responsable d'associations, formateur de formateurs. La fédération informe également les adhérents sur la pratique, les manifestations ; elle apporte aux associations des moyens pour fonctionner ; et enfin il y a une commission sentiers au sein du comité départemental dont le rôle concerne l'entretien des sentiers et leur labellisation.
Quels sont vos rapports avec d'autres publics comme les vététistes, les cavaliers et les chasseurs ?
En Franche-Comté, je dirais qu'il n'y a pas trop de problèmes. On ne se fréquente pas particulièrement, c'est clair, mais on cohabite bien. Simplement, il faut faire attention : on souhaiterait parfois éviter que certains tronçons de sentier ne soient pas communs. Il y a des endroits où il n'y a pas de problème mais d'autres plus abrupts, avec plus de difficultés ou risquant de ne pas supporter le passage de cavaliers au galop, devraient être réservés. Dans la pratique, il y a un respect mutuel dans l'ensemble, même si les cas regrettables existent : il m'est arrivé de sentir pendant un certain temps sur mes épaules les naseaux d'un cheval monté par une adulte. Au niveau des chasseurs, c'est un peu différent. On évite d'aller dans certains coins. Avec des amis, on a quand même reçu une volée de plombs il y a un an et demi. Il n'y a rien eu de grave mais la personne ne s'est même pas excusée ! C'est sûr qu'en période de chasse, il n'est pas toujours facile de savoir où sont les chasseurs, surtout si l'on n'est pas chez soi. Il faut se renseigner sur les zones de chasse, faire attention, écouter, éviter d'avoir des vêtements sombres. Quand une balle part, elle part, elle ne s'arrête pas à 50 m. Quand ils chassent maintenant certains animaux. une balle peut faire 2 km, avec les ricochets éventuels. Mais ici, on ne ressent pas l'animo-sité que j'ai pu ressentir quand j'ai marché en Sologne pat exemple.
Recueilli par S.P.
Commentaires
Afin de poster un commentaire, identifiez-vous.