Orientation
Laura : Comme beaucoup d’enfants, je pensais à l’archéologie, mais j’ai vite abandonné l’idée. Après le bac, je suis allée en droit pour devenir commissaire-priseur, mais ça n’a pas pris. Je suis allée vers mon 2e choix, histoire de l’art et archéologie. J’avais en tête la première option et finalement, c’est l’archéologie qui m’a plu. J’ai fait ma licence puis un master recherche archéologique à Dijon, avec un mémoire sur un atelier de verrier gallo-romain de Besançon. Je me suis rendue compte que la médiation et l'idée de montrer aux gens comment on travaille m’intéressaient. Je me suis orientée vers la médiation culturelle en M2 à l’Université de Bourgogne puis en stage à Bibracte où j’ai participé à l’organisation des journées européennes d’archéologie et à des animations spécifiques comme « l’objet du mois », que l’on présentait chaque 1er dimanche, ou la Nuit des musées. J’ai obtenu mon master l’an dernier et j’ai eu un premier CDD à Bibracte, jusqu’à fin juin.
Nils : Quand j’y repense, c’est au lycée que j’ai voulu m’orienter vers l’archéologie. En terminale, j’ai suivi une option histoire de l’art qui m’a bien plu. J’ai été encore conforté plus tard quand j’ai participé à mon premier chantier de fouilles. Dans cette optique, j’ai fait toutes mes études à Dijon, en licence histoire de l’art et archéologie puis en master. En 2e année, j’ai opté pour un master recherche Acte (archéologie, culture, territoires, environnement) que j’ai obtenu en 2021.
L’archéologie
Laura : Ce qui me plaît, c’est de comprendre l’organisation humaine qui existait il y a des siècles. Il y a des zones d’ombre, on émet des hypothèses que l’on cherche à vérifier, même si l’on ne peut pas tout comprendre. Il y a ce côté énigme qui est passionnant. Parfois, on n’a pas de réponse. Par exemple, le Bassin de la pâture à Bibracte semble un cas unique en Gaule. Quel est son principe ? C’est hyper intéressant d’essayer de répondre. Trouver quelque chose qui rappelle la même chose ailleurs mène à essayer de comprendre les contacts, les interactions entre territoires. Le manque de réponse peut être frustrant mais on apprend à vivre avec car on sait que la recherche avance et qu’on aura peut-être la solution un jour.
Nils : Ce qui me plaît, c’est d’avoir accès à quelque chose de rare, avec de multiples questions qui se posent. C’est aussi un métier avec une démarche scientifique classique mais qui touche aux sciences humaines. C’est un métier un peu difficile, mais on est dehors et on fait parfois de belles découvertes. On peut en parler avec tous les publics, des enfants, des amateurs, des passionnés car il fascine beaucoup de gens. Et comme il y a aussi beaucoup de préjugés et de clichés, pouvoir expliquer comment ça se passe en réalité est intéressant.
Débouchés
Laura : L’archéologie inclut plusieurs types de métiers : ceux de terrain comme fouilleur, les métiers de spécialistes qui étudient le mobilier, les chercheurs et enseignants-chercheurs, la médiation qui propose surtout de la vacation et pas toujours à temps plein. Globalement, c’est aléatoire. Parfois, ça recrute beaucoup et ensuite plus du tout.
Nils : Il faut être honnête, ce n’est pas facile de ce point de vue. Il y a déjà beaucoup d’archéologues diplômés, ce qui réduit l’entonnoir pour ceux qui arrivent. Même si certains partent en retraite, il y a beaucoup de jeunes et les postes permanents sont déjà pourvus. C’est pour ça qu’il ne faut pas hésiter à s’orienter aussi vers la médiation et garder les deux aspects du métier en tête.
Difficultés
Laura : Quand on est fouilleur, c’est difficile physiquement. Il peut y avoir de l’usure, des maladies. C’est aussi un métier assez précaire, notamment au début. Cela implique d’être mobile. Parfois, on se déplace à la semaine ou au mois sur des fouilles ou des colloques. Pendant mes 8 mois à Bibracte, j’ai eu beaucoup de déplacements. Ça fait partie des conditions de travail.
Nils : Le plus gros inconvénient, pour moi, c’est quand on fait de l’archéologie préventive sur les gros chantiers d’aménagement. Cela nécessite de se déplacer énormément avec ce que cela implique en transport, en logement. Ça peut être compliqué à gérer surtout si on a une vie de famille. D’un autre côté, c’est une chance de pouvoir aller sur différents sites. En second lieu, je dirais que c’est l’aspect physique. On pioche ou alors on est à genoux, ce qui, à terme, peut déclencher des problèmes de santé. Il faut apprendre à travailler avec les bonnes postures.
Avantages
Laura : Le gros point positif, c’est les voyages, la découverte de sites. Ensuite, même si les techniques de fouille sont proches, on ne fait jamais la même chose. On voit tellement d’aspects différents que la routine n’a pas le temps de s’installer. Et puis c’est un métier d’échanges. On rencontre plein de gens qui viennent de partout. C’est l’occasion de discussions stimulantes car c’est un milieu de passionnés. Et par rapport au public, le métier fait toujours rêver même si c’est difficile d’expliquer pourquoi
Nils : Le travail en équipe. C’est stimulant. Même dans le rush, quand on court dans tous les sens, il y a une ambiance qui me plaît beaucoup et que j’ai appréciée à Bibracte. C’est un petit côté colonie de vacances ! Et d’un point de vue professionnel, on travaille avec différentes personnes, des topographes, des géographes, des archéologues spécialisés dans un domaine.
Qualités nécessaires
Nils : Aimer travailler avec ses mains, de diverses manières. On peut passer de « grosse brute » avec une pioche à du travail superfin avec des outils de dentiste ! Il faut aussi savoir s’arrêter et réfléchir. C’est un métier à la fois manuel et intellectuel. On peut être dehors à fouiller ou à l’intérieur devant l’ordi ou en train de nettoyer du matériel.
Recueilli par Stéphane Paris
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