En 20 ans, le nombre de licenciés des clubs de handisport (1) en France a plus que doublé (il se situe autour de 36 000). En Bourgogne-Franche-Comté, on compte actuellement 125 clubs contre 50 en 2005 (et environ 2300 licenciés). Récemment, Arnaud Grillot, président du comité régional handisport, se félicitait d’une autre belle évolution :
« au début, c’était des clubs spécifiques, puis les clubs valides ont ouvert des sections handisport. Le regard évolue ».
Le regard évolue en grande partie en fonction de la visibilité et les Jeux paralympiques représentent, à l’instar des JO, la meilleure occasion de la renforcer.
« Il y a vraiment eu un palier médiatique, notamment en France, lors des jeux de 2012 à Londres, avec des épreuves télévisées » estime Julien Courgey, coordinateur régional handisport Bourgogne-Franche-Comté. Depuis, le traitement médiatique et la reconnaissance des sportifs se sont amplifiés.
Mais ils peuvent paraître tardifs. Les premiers Jeux paralympiques d’été ont eu lieu en 1960, ceux d’hiver en 1976. La première course pour cycliste sourds s’est déroulée en 1890 et l’association sportive des mutilés de France a vu le jour en 1954 pour évoluer jusqu’à la fédération française handisport en 1977.
L’organisme est à la fois omnisport et multicatégoriel puisque la pratique n’est pas la même selon la nature et le degré de handicap (2). Depuis 2016, le ministère des Sports incite les fédérations valides à intégrer la délégation du handicap, notamment du point de vue des compétitions. Mais sur les sports présents aux prochains Jeux, la moitié est encore organisée par la FFH dont les 3 plus gros pourvoyeurs de médailles, l’athlétisme, le cyclisme et le tennis de table.
« Dans d’autres pays, la culture handicap et inclusion est plus naturelle signale Julien Courgey.
Il y a des fédés d’athlétisme qui gèrent les deux aspects et accordent autant d’importance à l’un qu’à l’autre. Pour les athlètes de haut niveau, c'est plu profitable. Par exemple, nous n'aurions pas pu apporter à Pierre Guillaume-Sage ce que lui a apporté la fédération de tir. »
Ce qui n’est pas évident pour le haut niveau l’est encore moins en ce qui concerne le sport pour tous.
« Pour les personnes en situation de handicap, il faut aller soit vers un club spécifique, soit vers un club « valide » qui inclut une section handisport. Mais pour ces derniers, c’est difficile, parce qu’ils ne savent pas faire, n’ont pas les moyens, pas le matériel, pas d’encadrement… L’idéal serait que le comité n’ait plus besoin d’exister, mais on est rattrapé par la réalité des choses. Par exemple, les clubs n’ont pas le réflexe d’aller vers le grand handicap ou vers les organismes spécifiques du handicap ». L’une des principales difficultés est le coût du matériel. Pour faire du basket, il faut une paire de chaussure du sport. Pour du basket fauteuil, il faut un fauteuil, ce n’est pas tout à fait le même investissement.
La présence du comité reste essentielle pour accompagner et tisser des liens. Il organise des formations, aide et conseille les clubs, sensibilise, prépare des compétitions, essaie de travailler avec tout le monde et notamment les Départements.
« Notre rôle est de faciliter l’inclusion ». Pour Julien Courgey et les 3 autres salariés du comité, entendre une personne en situation de handicap dire que le sport n’est pas pour lui est une forme d’échec.
« Quand on sait ce que le sport peut apporter à une personne, offrir cette possibilité devrait être une priorité. Il doit faire partie d’un projet de vie. » En ce qui concerne le handisport, les apports sont même encore plus importants : il est facteur de valorisation, d’entraide, de lutte contre l’isolement, d’ouverture à la différence en plus de la source d’épanouissement, de santé, de convivialité, de confiance en soi que peut représenter le sport pour tout un chacun.
S.P.
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