Le saut à skis féminin est une discipline qui commence à se développer. Au niveau international, il existe une coupe continentale depuis 2004 et une coupe du monde depuis 2011. La participation des dames au championnat du monde (2009) et aux Jeux olympiques est récente. Pour les JO, la première a eu lieu à Sotchi en 2014, avec une médaille de bronze française (Coline Mattel). La manche de coupe du monde qui aura lieu dans le Jura du 14 au 16 décembre est une belle occasion pour le public de découvrir les meilleures athlètes. Trois entraîneurs s’occupent de l’équipe de France : Damien Maître, Emmanuel Chedal et Alex Mougin. Ce dernier a en charge l’équipe B et les juniors dont font partie les franc-comtoises Océane Paillard et Joséphine Pagnier.
Où en est le saut à ski féminin français ?
C’est une discipline qui commence son développement. Avant que je sois embauché, il y a 3 ans, il n’y avait par exemple pas de juniors. Le but était de préparer des jeunes pour participer au circuit international et en amener au niveau coupe du monde. Pour l’instant, on n’est pas au niveau des meilleures nations, l’Autriche, l’Allemagne, la Slovénie, le Japon ou la Norvège. Actuellement, il y a une vingtaine de sauteuses de 20 à 25 ans. Mais c’est un sport qui demande des structures et il n’y en a pas partout.
Quelles sont les principales structures ?
Nous avons un centre d’entraînement hommes et dames à Courchevel. Là-bas, les filles ont la possibilité d’aller au lycée Croizat à Moutiers où elles ont un aménagement d’études (bac en 4 ans, semaines libérées). Pour le combiné nordique, ça se passe à Prémanon.
Y a-t-il des spécificités à la pratique féminine ?
Jusqu’à présent, elles sautaient surtout sur des tremplins de 90 m, mais elles utilisent de plus en plus le 120 m. La principale différence est qu’elles ne font pas de vol à skis (cette discipline se pratique sur des tremplins géants).
Quelles Françaises seront présentes à l’épreuve du mois de décembre dans le Jura ?
Il y aura Julia Clair, Léa Lemare, Lucile Morat, Océane Avocat Gros. Pour les deux jeunes jurassiennes Océane Paillard et Joséphine Pagnier, nous déciderons le moment venu car pour elles, il y a d’autres compétitions qui se passent en même temps. Nous verrons ce qui est le mieux.
Que pensez-vous de ces deux jeunes filles ?
Elles sont en équipe de France, elles ont forcément un potentiel. Joséphine a déjà montré de belles choses sur le circuit coupe du monde B. Mais elle est partie à Courchevel, cela a occasionné beaucoup de changements et cela a été un peu plus compliqué pour elle l’année dernière. Mais elle revient bien, son niveau à l’entraînement est intéressant. L’an dernier, globalement, Océane a été meilleure. Toutes deux peuvent aller loin, mais ça passe par beaucoup de boulot.
Que l'on soit garçon ou fille, peut-on commencer le saut à skis tôt ?
La seule condition pour commencer le saut à skis est d’avoir de bonnes bases en ski alpin. A Chaux-Neuve, certains en font dès 7 ans en commençant par un très petit tremplin avant d’évoluer vers des tremplins de plus en plus grands. C’est une pratique très encadrée, très normée sur le plan de la sécurité. On fait attention à tout en termes de matériel, de conditions de neige, etc. Cependant, dans la tête des gens, saut rime avec danger alors qu’il y a beaucoup moins d’accidents que dans le ski alpin. Et avec la maîtrise, plus on monte sur les gros tremplins, moins il y a de chutes.
Pour débuter, il faut aimer la vitesse, aimer les sensations, avoir envie de pratiquer un sport complet. A côté des techniques de saut et de vol, on met en place pas mal d’exercices et notamment de la gym pour acquérir de la souplesse, de la coordination, l’aptitude à se repérer dans l’espace, l’équilibre.
Quelles sont les qualités primordiales ?
Au plus haut niveau, il faut de l’explosivité, de la puissance, du gainage pour le maintien en vol. En l’air, certains sont plus intuitifs que d’autres et ont facilement les bons réflexes mais de toute façon c’est un sport qui demande beaucoup de travail. C’est une discipline qui a aussi des apports sur le plan mental. Elle exige beaucoup de concentration et un grand soin du matériel pour des raisons évidentes de sécurité.
Recueilli par S.P.
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