Depuis 2 ans, Benoît André arpente, observe, intervient dans la vallée de l’Ognon. Une rivière haut-saônoise de 215 km, dont il est désormais l’un des meilleurs connaisseurs. A 26 ans, le jeune chargé d’études pour la qualité de l’eau salarié du syndicat mixte d'aménagement de la moyenne et basse vallée de l’Ognon (SMAMBVO) passe une grande partie de son temps près de ce cours d’eau ou ses affluents. « Mais il ne faut pas imaginer qu’on est tout le temps dans la nature. Il y a également pas mal de travail de bureau, d’organisation, de discussion. Je préfère la partie « terrain », mais l’administratif ne me pose pas de problème. En m’orientant, je voulais éviter un métier qui le soit totalement. Là, je pense que je suis sur le terrain un tiers de mon temps. C’est réparti différemment durant l’année, l’été, je peux passer un mois complet dehors ».
Cette orientation vient de loin, même si elle s’est révélée sur le tard. « J’ai toujours été attaché à la nature, notamment parce que mes parents m’y ont intéressé, quand on allait en vacances dans les Alpes ou en randonnée. Mais je ne me rendais pas compte que ça pouvait être un métier. C’est venu peu à peu. Et quand je me suis orienté vers les sciences, je partais plus pour quelque chose de type labo. Petit à petit, j’ai entendu parler de métiers de l’environnement puis de ceux du milieu aquatique ». En affinant encore, il découvre l’historique de l’Ecole d’hydrobiologie de Besançon. « Ça m’a tout de suite intéressé » dit-il.
La proximité et la réputation de la fac bisontine incitent le jeune homme né aux Auxons à s’inscrire en licence de biologie.
Il poursuit jusqu’au master sciences de l’eau, qualité de l’eau, des sols et traitements, obtenu en 2019. Selon lui, l’emploi existe - même si la question de la réalité des emplois « verts » se pose depuis des années. « Ceux qui étaient avec moi travaillent à peu près tous dans ce milieu. Il y a des débouchés mais il faut accepter d’être mobile car les postes sont localisés par-ci, par-là partout en France ».
Lui-même est un contre-exemple puisqu’il travaille près de là où il a grandi. « Pour l’instant, j’envisage de rester ici. Dans notre milieu, c’est quand même important de connaître son territoire. Plus on le connaît, plus on est capable de le comprendre, de le défendre et d’être efficace. Et puis dans ce métier, il faut envisager le long terme ».
La gestion de l’eau ou la mesure de son évolution se font dans la durée. Lorsqu’on fait un inventaire piscicole, il faut pouvoir comparer avec des antécédents ; envisager une restauration de rivière ne se fait pas du jour au lendemain. « C’est un métier qui demande le sens de l’organisation. Il faut imaginer ce que l’on va faire l’été prochain, et l’été d’après. C’est un point sur lequel j’ai encore un peu de mal ».
Mais s’il avait un inconvénient à mettre en avant, ce serait plutôt les relations avec le public. « On discute avec beaucoup de gens. Des décideurs, des élus, des riverains. On travaille avec des organismes qui visent les mêmes objectifs, on est bien soutenu par les financeurs, donc de ce côté-là, ça va. Mais avec le public, ce n’est pas toujours facile. On tombe sur des gens qui ont des avis complètement différents sur les rivières et la nature, avec le cliché « écolo » qui revient souvent ».
C’est le seul bémol qu’il trouve. Pour le reste, il apprécie un métier qui en contient plusieurs, « avec jamais deux situations identiques ». Sur un inventaire piscicole par exemple, il gère toute l’étude, de la commande à l’analyse des résultats et à la rédaction du rapport. Même si c’est un collègue qui prend le relais sur la partie chantier, il participe également à l’action de terrain. « Cette profession demande de savoir faire beaucoup de choses dans des situations différentes et souvent en autonomie ».
S.P
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