A l’usage, le service civique a montré son utilité : rendre service aux autres, ainsi qu’a été conçu le programme il y a 13 ans, mais aussi à soi-même. Souvent, les jeunes qui l’ont vécu décrivent une période de cheminement, un moment propice pour remettre ses idées à plat. Il n’est pas rare d’entendre des témoignages comme ceux de
Marie qui dit avoir trouvé une nouvelle voie d’orientation ou
Vincent qui souligne qu’il réussit à mieux s’affirmer depuis son service civique. Bernard Trouillet, conseiller jeunesse chargé de l’animation du service civique en Bourgogne-Franche-Comté, juge le dispositif
« toujours pertinent. Il répond aux besoin de jeunes qui veulent souffler pendant leur parcours, trouver un peu de sens, faire le point, se redécouvrir ou se réorienter. Cela reste intéressant dans ces situations, même si les demandes se réduisent car le marché de l’emploi a repris une dynamique ». Dans les 8 départements de Bourgogne-Franche-Comté, on compte environ 3500 engagements en service civique par an, chiffre en légère baisse.
L’aspect « occupationnel » du service civique était un avantage collatéral dont l’effacement relatif ne remet pas en cause d’autres atouts. Dans les grandes lignes, il est issu du service militaire et du service civil des objecteurs de conscience, puis du service civil volontaire. En conséquence, il s’adresse à tous les jeunes (18 à 25 ans, 30 ans pour les personnes handicapées, avec des possibilités pour les 16 -18 ans), sans condition de statut ni de diplôme. Il organise un cadre destiné à favoriser l’engagement et l’intérêt général, d’où la désignation de 10 domaines d’intervention : culture et loisirs, développement international et action humanitaire, éducation pour tous, environnement, intervention d'urgence en cas de crise, mémoire et citoyenneté, santé, solidarité, sport, citoyenneté européenne. Précision, des missions sont possibles à l’étranger.
Cet historique et ce cadre expliquent aussi qu’une mission soit assortie de formations type premiers secours ou formation civique et citoyenne. L’idée de consolider les acquis de la Nation et de la République sont fortement sous-jacents. C’est la raison pour laquelle les volontaires ne sont pas rémunérés mais indemnisés à hauteur de 600 euros minimum par mois. N’étant pas un emploi salarié, un service civique n’ouvre pas droit au chômage. Il permet cependant d’acquérir des droits à la retraite.
« Il faut rappeler que c’est régi par le code du service national, cadre Bernard Trouillet.
C’est un dispositif d’engagement des jeunes et non un dispositif d’insertion professionnelle. Même si ça peut y participer ».
Les missions incitent à s’engager pour la société, mais par rebond cette notion aboutit également à un intérêt pour soi-même.
« Il faut rappeler que ce n’est pas un travail, que les horaires établis sont souples et qu’il n’y a pas de lien hiérarchique avec la structure d’accueil. Mais cette dernière offre un cadre structurant qui donne l’occasion au jeune de découvrir un environnement, de se retrouver avec des publics qu’il n’a pas l’habitude de côtoyer. Pour un jeune qui arrive en Ehpad ou ailleurs, c’est une expérience de mixité sociale, d’interculturalité. Je dirais même que le cadre plus souple rend la découverte du monde professionnel plus confortable qu’avec un stage ». Vincent, dans son témoignage, ne dit pas le contraire. Pour lui, l’environnement détendu du service civique a servi de déclic.
« On apprend à faire avec d’autres, on apprend le collectif dans des organismes bienveillants, ajoute Marie-Pierre Cattet, déléguée départementale du Doubs de la Ligue de l’enseignement.
Personnellement, le bénévolat m’a menée vers l’engagement professionnel. Ça permet de se construire en tant que personne, en tant que citoyen, de se sentir concerné par ce qui se passe autour de nous et d’y apporter sa contribution. Et le service civique le permet dans un cadre sécurisé ».
Le sentiment d’appartenance est un autre élément psychologique bénéfique à prendre en compte.
« En se rendant utiles, certains comprennent qu’ils ont une place dans la société et ce n’est pas toujours évident, affirme Bernard Trouillet.
Si des structures les accueillent, c’est aussi qu’elles jugent qu’ils peuvent leur apporter quelque chose. De la fraîcheur, de la nouveauté, de la volonté, du savoir-être ». Et parfois du savoir-faire comme le montre le témoignage de
Marie.
Une mission de service civique est une ligne qui compte sur un CV, mais pas seulement.
« Il est certain que des jeunes s’engagent parce qu’ils ne savent pas quoi faire d’autre conclut Bernard Trouillet.
Peu importe, une fois la mission enclenchée, une autre motivation peut apparaître. On a parfois de belles surprises. Certains découvrent une vocation ».
S.P
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