Maryline Florence avait terminé son parcours de formation à l’IRTS de Besançon avec un diplôme de moniteur-éducateur, en 2015. Fin 2021, elle a obtenu un nouveau diplôme, celui d’éducateur spécialisé, validé cette fois par les acquis de l’expérience. Entretemps, elle a travaillé dans la protection de l’enfance à Besançon, dans le secteur du polyhandicap à Lausanne, en milieu psychiatrique à Neuchâtel. La VAE vient valider les compétences acquises au fil de sa carrière. Mais pas seulement. « Un dossier VAE représente pas mal de travail, de réflexion personnelle et professionnelle, d’introspection. J’ai trouvé ça vraiment intéressant. En rédigeant, avec le recul, certains éléments, certaines notions me revenaient en tête. Il y a une réflexion à faire pour mettre en lumière des compétences et des capacités dont on ne se rend pas toujours compte quand on est sur le terrain, à fond dans le travail. Cette VAE m’a vraiment permis de me reposer des questions de valeurs, d’éthique et de faire le point sur mes objectifs personnels et professionnels, sur ma manière d’aborder mon travail. Aujourd’hui, je suis en poste avec un nouveau diplôme et des missions qui en découlent. C’est parfait ».
La jeune femme de Charquemont a obtenu un CDI dans un foyer de personnes à troubles psychiatriques au Locle, en Suisse, mais c’était avant la VAE. Pour autant, elle perçoit un changement. « J’ai plus de responsabilités qu’avant, on me fait confiance sur une conduite de projet. Je pense que je vais entamer une formation de cadre ».
Tout au long de la procédure, Maryline était suivie par une conseillère sur qui elle pouvait s’appuyer à tout moment.
Clémentine Michoulier, consultante formatrice à Retravailler à Besançon, confirme que « la procédure VAE demande du temps et de l’énergie. D’après ce que j’ai pu constater au cours de mes entretiens, pour certains la VAE est un investissement nécessaire, mais pour beaucoup c’est une volonté de faire reconnaître et valoriser leurs acquis. Et cela semble être un investissement dont le débouché est positif ».
Le réseau Retravailler est spécialisé dans l’accompagnement et la sécurisation des trajectoires professionnelles. Catherine
Mathevon, responsable territoriale Franche-Comté regrette que « ce dispositif de VAE demeure peu connu alors qu’il va avoir 20 ans d’existence en juin. Et quand on le connaît, ce n’est pas toujours de façon précise. Les gens pensent qu’il faut avoir 50 ans alors que ce n’est pas du tout le cas. La VAE est ouverte à tous et prend en compte tous les aspects d’un parcours, pas seulement les périodes de salariat. Quand on est jeune, un séjour à l’étranger, des missions de bénévolat, un investissement associatif peuvent compter. Il s’agit de faire valoir ce qu’on a fait ».
Procédure simplifiée
Retravailler note que la démarche est suivie par une majorité de femmes (66%) ; autant par des salariés que par des demandeurs d’emploi avec une majorité de personnes ayant déjà un premier niveau de diplôme (38% ont un bac). Mais on peut aussi être étudiant ou arrivant en France et avoir accès à la VAE. La motivation se présente de différentes manières. Clémentine Michoulier cite un Béninois venu s’installer en France en raison de la santé de sa fille et qui a besoin de faire reconnaître les compétences acquises dans son pays par un diplôme. Un jeune homme qui a commencé à travailler avec son père en apprenant « sur le tas » et qui aujourd’hui aimerait obtenir un CAP. Un technicien en usine qui souhaite se réorienter pour devenir visiteur médical mais qui a besoin d’un bac pour entrer en formation.
La première étape est de prendre rendez-vous dans un relais conseil pour faire le point sur sa situation, son projet, le diplôme visé. Ensuite la procédure comporte un formulaire, un dossier conséquent que l’on rédige accompagné et un oral. « Il y a une réelle volonté de la Région Bourgogne-Franche-Comté de valoriser les compétences des gens signale Clémentine Michoulier. Il y a 20 ans, il fallait passer par une grosse procédure, mais on cherche constamment à la simplifier ». Cette procédure est payante, mais dans de nombreux cas une prise en charge est possible. « On essaie de rendre la VAE gratuite dans un maximum de cas ».
Au bout de la procédure, « le taux de validation est très encourageant note Clémentine Michoulier. 90 % pour les diplômes de l’éducation nationale, 82 % de réussite pour les licences et 72 % pour les masters ».
Stéphane Paris
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