Dans
«Spaced cowboy», titre paru en 1971, on peut entendre l’artiste afro-américain Sly Stone jodler. Que l’un des pionniers du style funk utilise une technique vocale venue du folklore des Alpes et transmise à la musique country a pu surprendre à l’époque. Mais, avec trois styles et trois continents réunis dans un même morceau, ce titre est symbolique de l’histoire des musiques dites actuelles. Entamée avec le grand mélange migratoire états-unien, poursuivie avec l’invention des moyens d’enregistrements et de communication puis dynamisée par les échanges culturels et commerciaux transatlantiques d’après-guerre, cette histoire se présente comme un vaste ensemble de connexions, d’influences, d’emprunts, de transmissions et de partages.
C’est ce réseau que Nicolas Sauvage explore inlassablement. Ancien disquaire, aujourd’hui médiateur culturel à la Rodia à Besançon, il s’est lancé depuis 2011 dans une série de conférences sur le sujet. Par passion et justement dans l’idée de transmettre et partager. Il a commencé à Besançon, mais intervient désormais dans toute la région. Cette année, de nombreuses dates sont déjà prévues autour de Besançon, à Audincourt, à Dijon.
«C’est souvent en lien avec une programmation, en avant-propos de concert, mais parfois c’est détaché» dit l’intéressé.
Illustrations sonores et visuelles
Musiques actuelles, le champ est vaste :
«tout sauf le classique résume-t-il.
Je peux aller aussi bien vers le jazz que vers la country. Faire en sorte que ce soit le plus large possible est une volonté. C’est plaisant de changer». Il aborde cette histoire aussi bien sous l’angle d’un artiste ou d’un groupe que celui d’un courant, d’une période, d’un label. D’une conférence à l’autre, il peut passer de Madonna à Dr Dre, sans parti-pris, mais pour inscrire ces musiciens dans un contexte général. Le format : 1 h à 1 h 30, avec illustrations sonores et visuelles,
«dont le choix représente la plus grosse part du boulot».
Après plusieurs centaines d’interventions, il ne semble pas dans son intention d’arrêter.
«Je suis content de servir de passeur pour donner envie de découvrir - d’ailleurs, j’ai aussi découvert plein de trucs en préparant ces conférences». Surtout, il y a un public : 30 à 40 personnes en moyenne, parfois beaucoup plus, parfois beaucoup moins. Difficile d’établir une typologie.
«Aujourd‘hui, je pense qu’il y a beaucoup moins de chapelles qu’auparavant, de moins en moins de gens portés sur un style. Par rapport à la fréquentation, il y a des habitués comme des occasionnels, des connaisseurs et des curieux. Il n’y a pas de règle, je suis parfois surpris, mais il y a un style avec lequel il est très difficile d’avoir une audience : le hip-hop». Les jeunes ne sont pas non plus la majorité.
«Peut-être que leur manière de consommer de la musique fait qu’ils ont moins d’accroche, moins envie de voir les racines».
S.P.
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