Bibracte est une belle opportunité pour qui souhaite découvrir le métier d’archéologue à ciel ouvert. Sur le même site, le public peut visiter un musée (payant) et la ville gauloise exhumée où il peut parfois croiser des fouilleurs du centre archéologique européen situé à quelques km de là (1). Cette année, ces derniers viennent de Roumanie, de République tchèque, de Slovaquie, de Pologne ou du Royaume-Uni faisant de Bibracte un lieu vivant de rencontres et d’échanges. Le visiteur, lui, peut se promener à loisir dans ce qui était autrefois une ville de 5 à 10 000 habitants. Elle occupe un vaste espace sur un flanc du mont Beuvray. A l’entrée, une partie du rempart a été reconstituée.
« On le connaît par les écrits romains explique Nils Scavone, jeune archéologue et médiateur culturel sur le site jusqu’en juin (
voir interview).
L’archéologie s’appuie sur les travaux des historiens et vice-versa. Ce sont deux méthodes de travail complémentaires ».
Nils a lui-même participé à certains chantiers de fouilles. Laura Bécard - elle aussi en poste de médiation en même temps - et lui-même font visiter le lieu avec la passion qui semble commune à tous les archéologues. Ils aiment autant évoquer les méthodes de travail que l’avancée des fouilles, le mode de vie au 1er siècle avant J.C. ou les questions qui se posent encore. La route qui monte
« traverse des quartiers typiques des oppida gaulois indiquent les deux archéologues. Bibracte était la capitale des Eduens, une place forte économique d’un des peuples les plus riches de l’époque, jusqu’à ce qu’elle soit déplacée à l’époque gallo-romaine dans les 15 années avant J.C. là où se trouve actuellement Autun. Il y a eu une petite occupation un peu plus tard puis de manière parsemée à l’époque médiévale, dont un couvent ».
Archéologie expérimentale
« Sur certaines parties en terre et bois, il ne reste rien sauf les empreintes des activités liées, par exemple la forte activité métallurgique » qui permet de déduire l’usage d’un espace.
« On utilise de plus en plus l’archéologie expérimentale indique Nils.
Par exemple on reconstruit un mur à la façon des Gaulois pour le laisser dépérir, voir comment il évolue et mieux comprendre l'origine de ce que l’on trouve. L’un des plus gros chantiers d’archéologie expérimentale en France est le château de Guédelon, dans l’Yonne ». Des activités et ateliers sont prévus pour les classes en séjour. Par exemple, un espace aménagé pour permettre aux enfants de découvrir du matériel par eux-mêmes et vivre de manière ludique l’expérience archéologique.
Au gré des différents quartiers, les explications sont volontairement minimales.
« Il y a une signalétique, mais on laisse le public découvrir par lui-même ». Ceux qui veulent en savoir plus peuvent se rendre au musée qui présente 2 étages construits en espaces thématiques. L’un permet de comprendre qui sont les Celtes et les Gaulois avec des objets qui viennent d’autres sites. L’autre est spécifiquement consacré à Bibracte, avec des exposés des fouilles et du matériel retrouvé sur place. Tablettes, maquettes et dioramas diversifient les médiums. Un atelier de bronzier est reproduit, l’intérieur d’une maison gauloise est interprété à l’aide des objets retrouvés, de récits historiques et de l’ethnologie qui permet par exemple d’imaginer ce qu’était un métier à tisser à partir de ce qui existe aujourd’hui. Pour une immersion complète, il est même possible de goûter une « cuisine archéologique expérimentale » concoctée au plus près des connaissances et des ingrédients de ce qui se mangeait à l’époque celte.
Les fouilles sur le site ont d’abord eu lieu à la fin du XIXe siècle puis ont été reprises en 1984 avec une impulsion nouvelle incluant la création du centre de recherche et du musée. En 2023, sept chantiers sont l’objet de fouilles, tandis que le musée est en phase d’extension. Les deux aspects scientifiques et pédagogiques évoluent de pair.
« Bibracte est un cas rare car la plupart des "oppida" de l'époque sont devenus des villes avec de nombreux aménagements ultérieurs. Ici, rien n’a été construit par la suite. On a juste à enlever la terre pour trouver des choses qui datent de la période gallo-romaine ».
S.P.
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