décembre 2016

A la relance d’une station familiale

Cyril Bulle-Piourot, Mathieu Lancia et Martin Dotal ont repris le site des Fourgs l’an dernier pour le faire perdurer après 40 ans d’exploitation. Leurs ingrédients : volonté, complicité et débrouille.
Photo Laurent Cheviet
A la relance d’une station familiale

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Dès la neige suffisamment tombée, mi-novembre, ils ont été les premiers à ouvrir leurs pistes dans la région. Les nouveaux exploitants de la station familiale des Fourgs entament leur première pleine saison avec enthousiasme. «On a décidé d’ouvrir dès qu’on pouvait. L’an dernier, on ne s’est pas trop mal débrouillé alors qu’il a manqué de neige. Mais voir que ça ne se passe pas mal même pour les années pas terribles est encore plus motivant». Motivation renforcée par les encouragements des habitants de la commune. «Ils nous disent qu’ils sont contents, nous félicitent d’avoir repris. Surtout les commerçants, car cela fait vivre le village». 
Ils disent «avoir envie de participer à la vie touristique de la commune et faire perdurer la station». D’autres ont essayé de reprendre la station avant eux, mais cela n’a pas marché. Le fait d’être originaires des Fourgs leur donne l’atout de ne pas partir dans l’inconnu. Tous trois connaissent la station pour y avoir travaillé.
C’est Cyril Bulle-Piourot, 38 ans, qui a lancé l’idée. La station était à son oncle Roland, mais à plus de 70 ans, ce dernier avait envie de laisser la place depuis quelques années. Cyril a travaillé régulièrement à la station depuis l’âge de 14 ans. L’année précédent la reprise, il a été perchiste. «Cela fait longtemps que j’ai envie de m’impliquer vraiment. Et je ne me vois pas vivre ailleurs qu’ici».

   2 c'est bien,
   3 c'est mieux


«Je connais Mathieu et Martin depuis longtemps. Je leur ai demandé s’ils voulaient se lancer avec moi. Mathieu était déjà le bras droit de Roland ces derniers temps, c’était naturel que je lui demande. Et puis être 2 c’est bien, mais 3 c’est encore mieux. Martin a des connaissances en électricité, en menuiserie et c’est surtout un pote. Il a dit oui direct».
«On est d’ici, on a skié ici, je trouvais bien de faire perdurer la station explique ce dernier. Avoir son entreprise avec un métier un peu original, c’est motivant et gratifiant». «J’étais encore en BTS quand Cyril m’en a parlé relate Mathieu. On a tout appris ici, on trouvait dommage que ça puisse se perdre. Je me suis dit, faisons une année test. Mais bon, une fois dans les papiers, c’était parti…»
A 22 et 26 ans, Mathieu Lancia et Martin Dotal, sont plus jeunes que leur camarade mais cela n’empêche pas l'entente et la complémentarité dans le partage des tâches. L’un à la location du matériel, l’autre à la maintenance et aux pistes, le troisième à l’usine à neige et aux cours. Tous trois ont acheté fonds de commerce et téléskis sous délégation de service public pour 20 ans, un contrat d’exploitation dans lequel ils ont investi  450 000 euros. Cela comprend 2 boutiques de location de matériel, 7 téléskis et un jardin des neiges à disposition de l’Ecole du ski français (1). En saison, la station fait travailler une vingtaine de saisonniers.
Sécurité pour eux, ils ont gardé une profession à côté, la station n’ouvrant de toute façon qu’en hiver. Car ils savent que la tâche n’est pas facile. «C’est vrai qu’il y a le réchauffement, que l’an dernier il n’y a pas eu de neige. Mais sur les 40 ans d’exploitation de la station, il n’y a eu que 10 années avec de la neige à la fois en décembre et en février. Et Roland avait investi dans des canons à neige en 2003. On a également fait un gros travail de terrassement pour pouvoir lisser la neige facilement». Ce n’est en tout cas pas la volonté qui leur fait défaut. «Il n’y a rien de mieux que d’apprendre sur le tas sourit Mathieu. L’an dernier, on a fait des journées qui commençaient à 5 h. Pour nous, c’est un peu la débrouille. On est privés, on n’a pas les subventions de stations comme Métabief. Mais on est plus réactifs qu’une grosse station. A 20 – 30 cm de neige, on peut ouvrir, du jour au lendemain». Et ils restent sur des acquis : «Quand on est passé à la télé, on eu de nombreux échos de Parisiens qui se souvenaient avoir appris à skier ici. On est la station familiale et d’apprentissage du secteur, donc on mise tout là-dessus. C’est pour ça que notre prochain gros projet est de faire un vrai jardin des neiges avec téléski».

Stéphane Paris




(1)
La station de ski alpin familiale des Fourgs compte 1 piste verte, 8 bleues, 2 rouges, 1 snow park, 1 border cross, 2 pistes baby, 1 piste bob, 1 jardin d’enfants, 1 snack.

En savoir plus
station-lesfourgs.com

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