Ils se définissent peintre ou pochoiriste mais aussi motor artist, spray painter, artiste de la récup’. Ils ont chacun leur discipline, leur méthode, leurs outils, mais sont réunis par un point commun, le street art. Art’go rassemble une douzaine de créateurs. Le collectif a animé le centre-ville de Dijon ces deux derniers étés, entre Festiv’halles et Jeudi’djonnais. Fresques éphémères, décos de vitrines commerçantes, créations en direct ont constitué des interventions bienvenues dans une période de culture intermittente et de public empêché.
« Dès la fin du confinement en 2020, on a été sollicités par la Ville de Dijon pour animer l’été.
On a notamment customisé une voiture en live, ça a marqué le coup » raconte Pegaz, pop artist à la bombe et pochoirste, professionnel depuis 3 ans.
Art’go est justement né pendant le premier confinement.
« On se connaissait avant, on se rencontrait dans des événements communs, des bars, des expos, sur les réseaux sociaux. Il y a eu un vernissage de Charline (
Madame Studio, customisatrice de chaussures),
qui a proposé un battle 4x4. On a fait 2 toiles en direct, juste avant le confinement. Ensuite, chacun chez soi, on a continué à se parler à distance et cette idée qu’on avait déjà évoquée s’est peu à peu concrétisée ».
Sur les hauts de Talant
La quête d’un local a pris un tour décisif quand l’idée d’Art’go a croisé la volonté de Fabian Ruinet et Laurent Arnaud, maire et adjoint, de dynamiser la culture à Talant. Ces derniers ont proposé d'occuper le Grenier, ancienne salle d’expo, à tarif préférentiel en échange d’une participation aux événements de la commune. Une chance pour les artistes. Au calme sur les hauteurs de Talant, ils se retrouvent dans un lieu idéal où poser bombes, pinceaux, peintures.
« Notre premier événement a été la fête de Talant ». L’association existe depuis un an autour de deux notions principales, l’événementiel et le partage.
« L’idée est de rassembler nos réseaux, de se faire connaître les uns les autres, mais aussi de mettre en avant d’autres artistes que l’on connaît et qui ne font pas partie du collectif. On a plus d’impact en groupe que chacun de son côté. Comme on a des styles variés, on arrive à répondre à une grande diversité de demandes, à proposer des choses qui conviennent à tout le monde ».
Au sein d’Art’go, chacun gère ses créations, ses commandes, ses ateliers, ses interventions mais ces dernières se réalisent aussi à plusieurs au gré des demandes et des disponibilités. De cette manière, le collectif a plus de latitude pour répondre aux demandes, même loin de chez eux. C’est ainsi qu'il travaille avec l’office du tourisme de Dijon, qui a mis en place un parcours street art tous publics, à base de visites et d’ateliers. L'été dernier, le restaurant Carpe diem leur a confié 10 tables à décorer et chacun s’est chargé de l’une d’elles. A Talant, Mr Bess, l’un des membres, a réalisé un « vieux » château de 30 m de long sur 3 de haut.
« C'est parce que je fais partie du collectif que j'ai eu cette commande ». Mr Bess travaille à partir de carton et de matériel de récup’ et réalise des œuvres de grandes dimensions, à l’exemple d’un torrii de 3,50 m pour la Japan touch de Lyon. Entre Asthenot, dessinateur et tatoueur à l’univers fantasmagorique sombre et Ramya Chuon, prof à l’académie des beaux-arts et peintre inspiré par les superhéros et les bêtes, chacun à son univers, mais l’entente et l’estime réciproques sont essentiels. L’entraide, les conseils et l’émulation sont des notions importantes chez ces autodidactes toujours prêts à échanger les techniques et les styles.
« L’autodidacte par excellence, c’est Dimitri Chaffotte, qui touche à tout. Il y a peu, il était invité à la tonnellerie Rousseau pour personnaliser une cuve de vin. Il aime bien le grand format, il travaille au feeling, mais quand il intervient, ça envoie ! » s'enthousiasme Mr Bess à propos de son collègue.
Le collectif est à géométrie variable. La plupart sont Dijonnais mais Atom (pochoiriste) est installé à Beaune, Bomb2p1ture est street artist de Tart-le-Haut, Art Bast est de Lons-le-Saunier et Sandr’art, portraitiste animalier en acrylique vit en Saône-et-Loire. Pour citer tout le monde, on a aussi les Dijonnais CVX qui fait du « motor art » (dessins inspirés de l’automobile) et Mr Colors peintre et street artist. Mary Mehr (portraitiste) et Dièse Art (dessins réalistes) viennent d’arriver dans le collectif.
« On peut accueillir des nouveaux membres, mais on ne peut pas être trop nombreux non plus ! Pour nous rejoindre, il faut pouvoir faire du live painting et avoir notre état d’esprit. On s’amuse, on ne se prend pas la tête et ça donne une bonne ambiance ! Accessoirement, on ne s’attendait pas à ce que ça marche aussi bien » conclut Pegaz.
S.P.
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