Constant Vaufrey est l'âme du Musée de l'horlogerie de Morteau, il retrace son histoire avec des yeux brillants de passion. Devant des pièces rares ou anciennes il se dit ému et fasciné. Ce musée, c'est lui qui l'a créé. En 1981 après une carrière dédiée à l'horlogerie, il se trouve à la retraite, statut qui ne lui convient guère. Adjoint au maire il décide de restaurer le château Pertusier alors à l'abandon, fonde une association, «Tradition horlogère», avec quelques amis horlogers et après un long travail de recherche de pièces diverses, lance le musée. Depuis, il lui consacre tout son temps, et se dit beaucoup plus heureux que durant ses années «d'activité». Débarrassé des impératifs de rentabilité et de production, il prend son temps pour apprendre encore et toujours sur l'horlogerie, pour accueillir d'une façon chaleureuse les touristes en vacances dans la région, prendre le temps de leur expliquer, de leur montrer les petits bijoux dont il a fait l'acquisition au fil des ans. Le musée a reçu le prix accueil des groupes en 2002.
A Morteau, une longue tradition horlogère
Parmi ses trésors, on compte entre autres cette horloge hollandaise de 1750 qui indique, en plus de l'heure, les jours de la semaine, les phases de la lune, les forces des marées ; ou encore l'horloge astrologique que Séraphin Cart a construit en 1855. Plus qu'un musée dédié à l'horlogerie en général, ce lieu est consacré à celle du haut Doubs. Morteau a derrière elle une longue tradition horlogère et l'activité est constitutive d'une identité particulière à ce territoire. Une main d'oeuvre agricole importante, de longs mois d'hiver et la proximité de la frontière suisse ont favorisé les transferts de savoirs, l'éclo-
sion de cette activité dès avant 1750. Conçue au départ comme une activité complémentaire, elle reste longtemps artisanale : dans la tradition locale une vraie montre est une montre faite à la main. Cette activité devient prépondérante dans le val au XIXe siècle grâce aux entreprises Frainier, Prêtre...
Après la guerre, on compte 56 fabriques. Pour trois aujourd'hui. Dans ce contexte le musée veut être la mémoire de cette aventure. Une histoire locale façonnée par des hommes et des femmes de talent, ingénieux et persévérants. C'est de leur histoire dont veut rendre compte Constant Vaufrey et l'on sent chez lui toute l'empathie qu'il ressent à l'évocation de ces artisans. Aussi, pour leur rendre hommage, il s'attache à faire du musée un lieu vivant ou tout fonctionne. De façon à tout voir, tout entendre, tout comprendre.
Mireille Barbier
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