Tout Grenelle de l’environnement considéré, la profession de conducteur routier et grand routier semble avoir encore de l’avenir. Il fait en tous cas partie des 15 métiers à plus forte intention de recrutement de l’enquête “besoin de main d’oeuvre 2008” réalisée par l’Unédic. Traduction : une profession dont les embauches atteignent 30 000 offres par an. Certes, c’était avant la crise et des perspectives économiques qui touchent la profession de plein fouet.
Au lycée Fertet, le seul de l’académie à proposer la formation au métier (un BEP conduite et service dans le transport routier), on reste confiant : “même avec le ferroutage, il y aura toujours un minimum de transport routier initial et terminal" pense Agnès Guyon, l’une des 13 professeurs du BEP. “Le travail va peut-être changer, mais il y aura toujours des camions. D’ailleurs, aujourd’hui, il y a des normes draconiennes sur les poids lourds qui les rendent beaucoup moins polluants”.
Moins de grands routiers
“Le métier recrute et attire les jeunes. Cette année, on aurait pu ouvrir une classe de plus. A la sortie, ceux qui ne travaillent pas sont ceux qui n’ont vraiment pas envie” indiquent Christian Perlo et Bruno Parmentier, deux autres profs de la section. Le BEP permet de travailler dès 18 ans alors que sans ce diplôme, on ne peut exercer avant 21 ans. Le lycée recrute à 80 % dans l’académie et compte 3 classes par année. Au total, 110 élèves en 1re ou 2e année. Parmi eux, 12 filles, qui réussissent aussi bien que les garçons, d’après les enseignants. “Les véhicules sont aujourd’hui beaucoup plus assistés en termes de conduite. Et même sur le plan de la manutention, c’est plus facile qu’avant” confirme Agnès Guyon. “De toute façon, les filles sont plus sérieuses, car elles sont obligées de prouver leurs capacités”.
Durant les 2 années du BEP, il s’agit d’abord d’apprendre à conduire : les élèves passent les permis B, C et EC, qui ne sont validés qu’une fois le BEP lui-même obtenu. Mais pas seulement : des notions de logistique et de maintenance mécanique entrent aussi dans leurs compétences. La tâche du chauffeur routier n’est pas uniquement d’assurer le transport de marchandises. Il doit aussi les préparer, entretenir son véhicule, gérer les documents liés au transport, tenir compte d’impératifs de sécurité, de réglementation professionnelle et de qualité (à cette fin, les élèves suivent la “formation initiale minimale obligatoire du transport routier de marchandises”).
Il est également un représentant d’une entreprise sur la route. “Nous insistons beaucoup sur les notions de sérieux, d’honnêteté, de rigueur. Un routier doit soigner sa présentation physique, doit savoir communiquer, être poli et aimable. Vis à vis des clients mais aussi sur la route : pour nous, les notions de courtoisie et de tolérance sont fondamentales”. Bref, selon les professeurs du lycée, les futurs professionnels ont vraiment le devoir d’être sympas.
Chez les élèves, un son de cloche commun : l’envie de faire de la route, des distances, de l’international. Le métier fait toujours rêver les jeunes pour les mêmes raisons, mais les formateurs tempèrent l’espoir aventurier : “on forme de moins en moins de grands routiers, on voit de moins en moins de gens qui partent à la semaine”. Autre prévention, “il n’est pas évident de se lancer à son compte. Il vaut mieux viser les grosses entreprises existantes, où il y a un important renouvellement, donc du travail. Et où il est vraiment possible d’évoluer rapidement. C’est pour cela que nous conseillons aux élèves de poursuivre en bac pro exploitant de transport ou logistique. Même s’ils n’ont qu’une envie, la conduite, il est important de se constituer un bagage initial qui permette d’évoluer plus tard”.
S.P.
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