décembre 2005

Bienvenue dans le monde des Mmog

Depuis 1996 et la naissance des massive multiplayer online games, les fans de jeux vidéos peuvent s'adonner à des parties en réseau... avec des comparses aux quatre coins du monde.

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Timothée, 23 ans, n'hésite pas à le dire, on peut facilement devenir accro des jeux en réseau. Lui-même a calmé le jeu après avoir passé 48 h d'affilée devant son écran. Et depuis qu'il a déménagé à une trentaine de km de Besançon, il n'a plus l'ADSL, impératif pour jouer chez soi. Alors il se rend en moyenne 3 fois par semaine à Optimium.
«Quand je viens, je joue longtemps, ça peut aller jusqu'à 8 heures. C'est obligatoire : l'un des défauts des MMOG est que l'on ne peut pas se dire "je vais jouer 20 mn". Il faut s'ínvestir beaucoup et comme on joue avec d'autres, que l'on s'organise pour se retrouver aux mêmes horaires, cela signifie que l'on va jouer un minimum».
Comme toutes les boutiques de jeux en réseau, Optimium est un univers de mondes parallèles. Quatorze ordinateurs branchés en permanence sur des MORPG, des MMOFPS ou encore des MMORTS. Autrement dit, les trois sortes de massively multiplayer online games, ces jeux en ligne où l'on se retrouve avec d'autres intemautes dans des paysages fantasmagoriques. Et surtout persistants, car ils continuent d`exister lorsqu'on n'est plus connecté. En poussant la porte, on s'attend à une cacophonie de tirs, d'explosions et de sons d`ambiance virtuels. ll n'en est rien. La salle est plutôt calme, les joueurs présents s'interpellent sans hausser la voix. Ceux qui veulent vraiment s'immerger disposent de casques.

   "Jusqu'à 100 joueurs"

Martial Hundzinger a ouvert Optimium en mars 2001 à Besançon. Sa clientèle, il l'évalue composée à 80 % de 20-30 ans. Masculine en très grosse majorité. «On est asociaux... » ajoute ironiquement l'un des joueurs pour affiner la typologie. Optimium a des licences pour une quinzaine de jeux. Les plus en vogue comme "Wortd of warcraft" (à peu près 5 millions d'abonnés dans le monde !), "Counter strike", "Battlefield"...
Pour Timothée, le jeu fétiche s'appelle "Dark age of Camelot", basé sur les légendes arthuriennes. «Pour démarrer, on constitue des groupes de huit aventuriers ayant chacun une spécialité. ll faut  au moins une demi-heure pour monter le groupe. Ensuite on fait des animations de masse et ça peut aller jusqu'à 100 joueurs. ll y a des quêtes, des  missions qui demandent du monde, plein de choses à faire››. Bref, il s'agit d'une sorte de jeu de rôle par Internet interposé. «Ca fait 4 ans que j'y joue et c'est vraiment le jeu que je préfère. J'ai fait un peu de "Counter strike" mais franchement, celui qui fait deux jeux n'a plus de vie sociale l Surtout que ça marche par un système de levels et quand on commence, on est pressé d'avoir un personnage de bon niveau donc on joue énormément».
"Dark age of Camelot" est un RPG. Des différents types de MMOG, ce sont ceux qui ont la cote : il s'agit de jeux de rôles virtuels - avec un double niveau de virtualité puisque les jeux de rôle sont déjà une virtualité : avec les MMORPG, on en est à camper virtuellement un personnage virtuel... Ensuite viennent les FPS, pour first person shooter, soit des jeux de tir subjectifs où |'écran adopte le point de vue du tireur. Les RTS ou jeux de stratégie en temps réel sont moins fréquentés. Quant aux jeux de sport, «les amateurs préfèrent en général la console».

   Passion commune

Tous ces jeux se pratiquent soit sur des réseaux locaux (LAN), soit par Internet. Dans ce dernier cas, on peut participer à la même partie qu”un joueur de l`autre côté de la planète. Créés en 1996, les MMOG ont connu depuis une forte croissance et donnent lieu à des tournois, voire des coupes du monde. «J'ai arrêté les toumois car c'est trop élitiste, ce sont des joueurs qui veulent le nec plus ultra relate Martial Hundzinger. Mais j'ai pas mal de clients qui viennent en groupe pour jouer ensemble dans la même pièce. Cela a un côté vraiment sympa».
Timothée partage cet avis. Jouer online est l'occasion de retrouver des gens qui partagent la même passion. «Lorsqu'on est connecté, on ne fait pas que jouer. Il y a aussi un temps de chat où l'on discute entre nous. Il s'instaure une sorte de relationnel et personnellement quand je ne joue pas pendant une ou deux semaines cet aspect-là me manque, j'ai envie de savoir ce que deviennent ceux avec qui je joue».
Thomas, 20 ans, pense même qu'il ne jouerait pas s'il était "seul".  Maçon la journée, il se glisse souvent, le soir venu, dans la peau de Turel, personnage qu'il a inventé pour participer au célèbre "World of warcraft", jeu à l'univers fantastico-médiéval. «On fait connaissance avec des gens, même si on ne les rencontre pas. On joue avec eux et dans le même temps on peut discuter. J'ai même une fenêtre qui me signale quand ceux avec qui j'ai le plus d'affinités sont connectés». Des joueurs du monde entier pratiquent "World of warcraft" hébergé sur divers serveurs (francophone, allemand, anglais...). Le jeu est lui-même constitué de différents royaumes dans lesquels les personnages évoluent. ll n'y a pas vraiment cle but, si ce n`est celui de renforcer son personnage. Théoriquement, le jeu n`a pas de fin. «Il est conçu pour qu'on n'ait pas besoin d'un matériel ultra-performant pour jouer. Je paie un abonnement de 13 euros par mois pour jouer et avoir accès à un monde refait tous les mois et demi avec de nouveaux paysages, de nouvelles créatures».

   "J'en connais qui
   sont vraiment astiqués"


ll l'admet, cela peut prendre du temps. «On évolue dans des groupes où chacun compte sur l'autre. Si l'on reste trop longtemps sans jouer, les autres se sont développés, sont devenus plus puissants et on doit alors les rattraper. Dans l'ensemble, je joue entre 10 et 20 h par semaine, mais j'ai une vie à côté qui m'empêche de trop me connecter. Pour ceux qui sont encore à l`école et qui ont des devoirs, je ne sais pas si c'est jouable. C'est tellement prenant que ça peut être dangereux. Il faut que les parents soient stricts».
Timothée reconnaît qu'il existe un danger à mélanger vie réelle et virtualité. «Mais cela peut être vrai dans n'importe quel domaine, il faut juste bien savoir séparer, ne pas exagérer. J'en connais qui sont vraiment astiqués, trop dedans. Celui qui allume son PC et se connecte dès qu 'il se lève a des questions à se poser. A mon avis, c'est le premier signe de danger : quand on se réveille et que c'est la première chose à laquelle on pense. Donc il faut faire attention. Je pense notamment aux gamins qui s'y mettent. Mais là, c'est aux parents de faire attention et de débrancher le jeu».

Stéphane Paris

Pour en savoir plus
mondespersistants.com
jeuxonline.info
mmorpg-info

Optimium,
31 rue d'Arènes
25000 Besançon
0381821307

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