19 mars à la Rodia. En première partie du concert de Napoleon Maddox, une dizaine de jeunes amateurs ont la chance de se produire sur scène en conditions professionnelles. Une reprise de "Crazy", le tube de Gnarls Barkley, est suivie d’une chorégraphie par 6 danseuses puis de 2 raps enthousiastes avant que 4 jeunes filles ne se lancent dans "Highway to hell" d’AC/DC. A l’évidence, elles s’éclatent. Ces jeunes qui débordent d’énergie viennent des ateliers du Caem. Ils proposent un joyeux mélange d’âges, d’origines, de genres, que l’on retrouve lors des ateliers organisés avec la maison de quartier de Planoise, dans le cadre du contrat de Ville auquel sont associés l’Etat et le Grand Besançon.
«Nous sommes une école non diplômante souligne Jean-Baptiste Chané, le directeur. Nous sommes plus dans la transmission que dans l’apprentissage, dans le loisir et le plaisir de la musique». De l’éveil musical à la chorale, mais aussi la danse, 3 à 400 personnes sont concernées par les activités du Carrefour d’animation et d’expression musicales. Parmi eux, environ 120 jeunes de 6 à 18 ans viennent tester leur envie et leur plaisir de jouer, de manière assez libre mais encadrée. Des stages pendant les vacances, des accueils hebdomadaires le reste du temps, aux tarifs les plus bas possibles pour que le coût ne soit pas un frein. «Ce sont des artistes en activité qui encadrent, avec un enseignement basé sur la pratique collective, beaucoup moins traditionnel que dans les écoles de musique». Aucun niveau n’est demandé.
Sortir des stéréotypes
Surtout, le Caem n’agit pas en vase clos. Des partenariats extérieurs ont été noués, à l’image du rendez-vous annuel à la Rodia. Une fois par trimestre, des prestations publiques sont organisées à la brasserie de l’Espace. «Cela permet aux gens de voir la diversité de ce que l’on fait. On y est pendant 2, 3 h, c’est gratuit, blindé, sympa, intergénérationnel, inter "tout ce qu'on veut"…». Le Caem participe également aux jam sessions du Pixel, ce qui permet, là aussi «de croiser les publics» et de «donner une image moins élitiste du jazz». Certains jeunes ont aussi pris part à une émission de Radio Campus. «Nous avons un rôle d’ouverture d’esprit précise Jean-Baptiste Chané. C’est important pour des gamins de 13 – 14 ans. Quand ils viennent, leur premier réflexe c’est le rap, avec des textes qui sont dans le "je", l’ego trip et les stéréotypes sur lesquels ils pensent qu’on les attend. On ne peut pas leur en vouloir dans la mesure où les médias, la radio sont majoritairement sur ce créneau. Mais nous essayons de leur montrer autre chose. Et même dans le hip-hop, nous passons par la pratique instrumentale, le jeu musical, le geste. Pas de sample».
Jean-Baptiste Chané reconnaît qu’il a fallu du temps pour que les ados identifient le lieu et osent pousser la porte. Aujourd’hui, il y a des assidus aux ateliers du mardi, il y a autant de filles que de garçons qui passent du rap au rock («les gamins se mélangent naturellement, ce sont les pouvoirs publics qui pensent que non»). «Certains sortent du collège à 15 h et viennent directement ici au lieu d’aller traîner. C’est ma plus grande satisfaction».
Stéphane Paris
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