Les dirigeants du CC Etupes peuvent être fiers de ce qu’ils accomplissent. A l’image de Jérôme Gannat , l’actuel directeur sportif, qui évoque les Thibaut Pinot, Alexis Vuillermoz, Warren Barguil ou Adam Yates :
«Quand je les vois Ă la tĂ©lĂ© alors qu’il y a peu de temps, ils Ă©taient avec nous, parfois je n’en reviens pas. C’est exceptionnel. Ils sont au plus haut niveau et en plus ils n’y sont pas anonymes !»Â
Actuellement, une dizaine de cyclistes formĂ©s au club du nord Franche-ComtĂ© Ă©voluent au niveau "UCI world tour". De nombreux autres espoirs sont passĂ©s pro grâce au tremplin du Club cycliste d’Etupes. Ce dernier passe depuis au moins 10 ans comme le meilleur club formateur français. Sa rĂ©putation attire bien au-delĂ de la rĂ©gion : hier Barguil, aujourd’hui Alexys Brunel, mais aussi des Ă©trangers (Petr Vakoc, Mateusz Taciak…).Â
«Barguil avait été champion de France junior, c’était le meilleur amateur français. Il est Breton mais c’est lui qui a voulu traverser la France pour venir ici. Il n’a laissé que des bons souvenirs. Et il était vraiment impressionnant» note Jérôme Gannat.
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Des coureurs
 mais aussi des entraîneurs
Robert Orioli, le fondateur et toujours président d’honneur, pensait-il atteindre ce niveau quand il a créé le club en 1974 ?
«En tout cas, il voulait faire un grand club assure Jean-Pierre Douçot qui a rejoint le CCE il y a presque 30 ans.
C’est en voyant qu’il y avait de bons coureurs autour de lui qu’il a décidé de le créer, en le basant uniquement sur des espoirs. Depuis, on a peut-être fait passer 60 mecs en pro». Même s’il se dit de
«l’ancienne époque», Jean-Pierre Douçot est toujours directeur sportif adjoint. Son œil est précieux.
«Thibaut Pinot, on a vu tout de suite qu’il était au-dessus. Aujourd’hui, Alexys Brunel a un gros potentiel. Et on a aussi lancé des entraîneurs : Julien Pinot, Nicolas Boisson, Samuel Bellenoue».
L’émulation joue beaucoup dans le maintien de la réputation du club.
«On bénéficie d’une très bonne image car on est le club qui fait passer le plus de coureurs en pro. Les gens voient d’où viennent Thibaut ou Warren et ça les interpelle. Nous recevons beaucoup de demandes de coureurs étrangers» estime Jérôme Gannat. Autre explication,
«on fait des coureurs pour les courses à étapes et les montagnes. Nos coureurs sont des grimpeurs. Ceux qui viennent ici savent qu’ils vont trouver des bosses !» Et le club est attachant. Les anciens gardent le contact.
«La majorité nous disent qu’ils ont des bons souvenirs de l’ambiance au club. Quand il est parti, Petr (Vakoc) nous a envoyé ne lettre qui disait "j’ai appris à aimer le vélo à Etupes"» sourit Jérôme Gannat.
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 Fier de les voir passer pro
Mais surtout la formation est devenue plus que jamais l’objectif principal du club.
«Jusqu’en 2000, on a été 7 fois champions de France amateur, on était connu pour nos résultats sportifs. Ensuite, on s’est vraiment axé sur la formation. Je suis plus heureux de voir un de nos jeunes passer pro que d’être champion de France assure le directeur sportif.
Aujourd’hui, nous sommes un tremplin. Nos plus vieux coureurs ont 23 ans. Notre souhait est qu’ils voient le haut niveau, pas qu’ils restent ici». De toute façon, après 25 ans, il est trop tard d’après lui.
«Mais ils arrivent tous à faire autre chose, à s’en sortir. Je pense que le vélo est une bonne école de vie. On apprend à être battant».
Une tâche toujours plus méritoire à mesure que le vélo change, devient de plus en plus scientifique et méthodique. Alors que les moyens, eux, stagnent. Au mieux.
«Ce n’est pas comme dans d’autres sports : on ne tire aucun bénéfice financier, aucune indemnité de formation ou de transfert. Tout vient de notre investissement financier, humain, matériel interne. Certes, nous avons beaucoup de petits sponsors mais pas un gros mécène qui pourrait nous soutenir. Ce qui se comprend parce qu’il y a un fossé entre les mondes pro et amateur et nous ne garantissons pas assez de retombées médiatiques pour être attractifs. Le format de notre sport est tel que l’on ne peut pas créer d’espace VIP comme un club de hand par exemple. Et comme les collectivités se désengagent, on réduit les effectifs. Aujourd’hui, on est à une douzaine de coureurs. Mais c’est compliqué de se maintenir. Cela demande une remise en question permanente».
Un mérite d’autant plus grand que contrairement à d’autres équipes amateurs, le CC Etupes n’est pas la réserve d’une équipe pro. Même si le club a tissé des liens étroits avec la FDJ, notamment depuis le passage de Julien Pinot.
«Mais nous ne sommes pas reconnus comme structure formatrice. Ce serait un aboutissement». En attendant, la satisfaction et la fierté des dirigeants demeurent les principaux moteurs du CC Etupes.
Stéphane Paris
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