Ils sont menuisier, architecte, fabricant de décors, enseignant d’espagnol, conseillère en recherche de financement, graphistes. Des professions très différentes, mais un point commun : ils font tous partie de Coopilote, coopérative d’entrepreneurs dont ils sont salariés (1). Soit un double statut, qui permet de cumuler certains atouts : en tant qu’entrepreneur, l’autonomie ; comme salarié, un contrat de travail et une couverture sociale. Le salaire dépend de l’activité et chacun doit céder une partie de sa marge, mais ils sont unanimes : «On garde les avantages de l’indépendance, mais on est très accompagné. Je m’étais renseigné sur d’autres aides pour entreprendre mais je pense qu’ici on est moins livré à nous-mêmes» résume Gabriel Martinez, créateur de Construisons logique à Lons. «Beaucoup d’éléments sont pris en charge : assurance, compta, gestion, ce qui nous laisse plus de temps pour nous consacrer à notre activité proprement dite» complète Jean-Yves Bouchet, créateur de "l’Atelier la Chignole" à Cressia pour fabriquer des décors pour le spectacle vivant.
Ils sont arrivés à Coopilote entre 2012 et 2015. Tous ont commencé par une période d’accompagnement assorti de formations. «On est vraiment bien suivis et conseillés» soulignent-ils. «Nous avons notre propre siège mais aussi une adresse à Coopilote où l’on vient quand on veut. Il y a même un espace de coworking. C’est un peu particulier quand il faut expliquer aux fournisseurs que l’adresse de livraison diffère de celle de la facturation. Mais c’est un inconvénient léger par rapport aux avantages».
Indice que le concept plaît : Coopilote suit environ 150 entrepreneurs sur tout le territoire régional. Après Montbéliard et Besançon, la structure va ouvrir prochainement une antenne à Lons-le-Saunier. «Ca marche plutôt bien confirme Vincent Girard, le gérant. En 2015, nous avons connu une évolution positive du chiffre d’affaires de 30 à 40 %».
Effet concomittant, les entrepreneurs, loin d’être en concurrence, vivent la situation dans une logique d’entraide voire de mutualisation. «Au fil du temps, et à mesure que le nombre d'entrepreneur augmentait, la création de filières et de filiales s'est peu à peu imposée» lit-on sur le site de Coopilote qui annonce vouloir «favoriser les groupements, coopérations, alliances , etc…». Un pas qu’ont franchi Dorianne Noriega et Emmanuel Bertron, créateurs de l’agence de graphisme "le Labo" à Avanne, en se regroupant également avec d’autres dans l’agence "la Ruche". «Elle regroupe plusieurs professionnels de la communication. On s'est tous rencontré à Coopilote». Une dizaine d’autres entrepreneurs ont monté un bureau d’études ingénierie du bâtiment afin de répondre plus facilement aux appels à projets. «Entre créateurs d’activités, on se côtoie ici et on se connaît plus facilement. On discute, on se fait travailler les uns les autres. Cela fait gagner du temps pour trouver des prestataires ou même des clients» ajoute Magali Vuillemin, architecte bisontine.
Tous signalent que le démarrage semble plus facile que pour une création d’entreprise type. «On peut rapidement démarrer l’activité, mais la nécessité d’avoir des résultats n’est pas si immédiate. On peut tester, changer. Et comme on l’a dit, l’aide administrative de Coopilote nous donne plus de temps pour nous consacrer à l’activité, à la prospection». Assez précieux quand on crée une activité d’aide aux associations à la recherche de financement comme l’a fait Céline Fleury avec "Lunaria". «Comme on est salarié, on cotise, de telle sorte que si l’activité s’arrête on a droit aux allocations chômage. Cela contribue également à nous rendre plus serein» complète Elsa Pignot, professeur d’espagnol à St-Claude (entreprise "Jeuparlespagnol").
Au terme de l’accompagnement, plusieurs choix s’offrent : poursuivre l’entreprise (ou non) et dans ce cas soit en devenant totalement indépendant, soit en optant pour le statut d’entrepreneur associé de Coopilote.
S.P.
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