Il se nomme Yann Robin mais dans le petit monde très anglicisé de l’e-sport qui devient grand, c’est Cursorr. Yann est gamer pro, sillonne le monde, de Singapour à Atlanta, en passant par Bucarest ou Hambourg. Il maîtrise League of legend, Fortnite ou Counter strike, mais son truc, c’est FIFA. A partir d’un certain niveau, le jeu en ligne est une affaire de spécialiste.
Plus qu’un phénomène de société, l’e-sport séduit aujourd’hui des millions de pratiquants, passionne les foules et brasse des millions. Les grands clubs professionnels de foot ont engagé une formation en e-Ligue 1, elle-même créée en 2016.
« Etant fils unique, j’ai toujours joué à FIFA, comme beaucoup de gosses. Et un jour, un copain m’a dit que j’ai étais plutôt bon et m’a incité à m’inscrire à un tournoi en ligne. C’est parti comme ça. » La suite s’apparente à un conte de fée : les résultats suivent rapidement, la notoriété grandit, les propositions affluent. Aujourd’hui, à 20 ans, Yann gagne sa vie avec le jeu, comme une dizaine de jeunes en France, mais n’a surtout pas délaissé les études. Etudiant en Staps à Lyon, il repose ses pouces ces temps-ci pour se consacrer aux révisions pour les partiels, avant de reprendre l’entraînement pour conserver, voire développer, les qualités fondamentales pour briller : patience, dextérité, vigilance, précision, réflexes et réflexion.
Yann a défendu les couleurs du FC Tours et d’En-avant Guingamp. Aujourd’hui, son nouvel employeur présente quelques références dans le milieu du foot, le vrai, en short et en crampons. « Depuis quelques mois, je suis salarié d’Antoine Griezmann. Il a monté sa propre structure et a engagé deux joueurs FIFA et quelques spécialistes d’autres jeux. » La passion du Mâconnais pour la console est connue et s’il a brillé dans tous les stades du monde, il a aussi figuré aussi sur la jaquette française de FIFA 16.
Aujourd'hui, Cursorr est en équipe de France efoot, créée par la fédération française de football en 2018. Faire partie des 60 meilleurs players de la planète n’empêche pas Cursorr de continuer à vivre sa passion pour l’Olympique lyonnais (« depuis toujours dans le virage nord »), lequel figure d’ailleurs parmi les meilleurs clubs français du foot virtuel, avec notamment l’AS Monaco.
Testeur de luxe
Cursorr doit aujourd’hui se bagarrer contre des anciens de… 26-27 ans et aussi face à la jeune génération puisque les petits surdoués de la console peuvent s’engager dans les tournois dès l’âge de 16 ans. Grâce à son classement, il peut bénéficier d’un privilège. « Chaque année, on a accès à la version bêta fermée du dernier FIFA, trois mois avant sa sortie. Cela nous permet de tester les évolutions, de donner notre avis et faire nos remarques aux concepteurs du jeu, basés au Canada ». Et aussi de s’adapter aux nouveautés, bref de s’octroyer un temps d’avance loin d’être superflu face à la concurrence féroce.
Christophe Bidal
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