La boutique est presque trop petite. «Il ne nous est plus possible de stocker tous les jeux tellement il y a de nouveautés», confie Jonathan Demesy, l’un des deux gérants. Agartha compte déjà de 500 à 600 références, mais chaque année, il estime le nombre de sorties de jeux au niveau mondial à 5 000 ! «Rien que sur le dernier salon auquel nous avons participé, à Metz, il y a eu 1 500 sorties, c’est le double d’il y a 10 ans. Cela fait même naître la frustration chez le joueurs de ne pas pouvoir jouer à tous les jeux, confie-t-il. Dans un contexte de récession, c’est l’un des seuls secteurs en pleine croissance, on s’approche même d’une bulle».
«Jouer est rentré dans les moeurs»
C’est au milieu des années 2000 que le jeu de société «moderne» a connu un renouveau. Après les jeux de simulation économique comme Monopoly (1935) ou encore Risk (1957), sont arrivés d’autres types de jeux comme Carcassonne (2000), Les Aventuriers du Rail (2004). «Nous avons vu apparaître des jeux « à l’allemande » avec une mécanique bien huilée, peu de hasard et des thèmes transparents secondaires ; et des jeux « à l’américaine » avec de la prise de risque, du hasard et des thèmes forts. Cette dichotomie existe de moins en moins aujourd’hui, les catégories de jeux sont plus ouvertes et mélangées», raconte Jonathan.
Qui dit jeux, dit joueurs ! Alors, qui sont-ils aujourd’hui ? «La majorité de ceux qui jouent aujourd’hui sont ceux qui jouaient adolescents. Ce sont des passionnés de 30 / 40 ans qui ont grandi avec les jeux. Maintenant, pour eux, ce n’est plus honteux : jouer est rentré dans les moeurs».
«Internet a démocratisé le secteur»
Dès lors, on peut se demander si l’effet «boule de neige» se poursuivra : est-ce que la jeune génération - qui a grandi avec internet - sera aussi joueuse dans quelques années ? L’avenir le dira, mais une chose est sûre : les écrans et le haut débit ne semblent pas avoir cassé la dynamique, bien au contraire. «Internet a démocratisé le secteur en rendant visibles des jeux qui ne l’étaient pas». Sur la toile, des chaînes YouTube «spécialisées jeux» sont nombreuses comme celle du «Joueur du grenier» qui comptabilise plus de 3 millions d’abonnés. Des tables de jeux sont filmées en direct, des jeux de société sortent grâce à du financement participatif (1)… Autant de canaux qui laissent présager encore de beaux jours pour le jeu de société qui semble avoir gardé toute son âme. «Il a cet aspect social qu’il n’y a pas dans le jeu vidéo, fait remarquer Jonathan Demesy, c’est plus difficile de s’énerver avec excès, à table en face de «vrais» gens !»
Simon Daval
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