On trouve des vikings à Chevroz, petit village à proximité de Besançon. Ou plutôt à Ulfrfold, nouveau nom donné à la commune par les Loups de Fenrir. Traduction : la terre des loups. Pour l’instant, c’est un champ en pente sur lequel sont érigées 3 constructions en bois. Il y a aussi un potager, un foyer pour cuisiner. Les Loups s’activent pour développer le village lorsqu’ils se retrouvent le week-end. Bâtiments, cuisine, vêtements (obligatoires), outils, poterie, armes : tout est entrepris le plus conformément possible au mode de vie viking. Jusqu’aux noms. Nathanaël, 28 ans, à l’origine du groupe il y a 4 ans, s’appelle Jarl Asulf Wilhelmson lors des regroupements : « On ne fait pas de fantastique, pas d’invention. On fait de la reproduction à partir de sources iconographiques ».
Tous sont passionnés d’histoire, certains diplômés du supérieur dans cette spécialité. Ils connaissent leur sujet. L’accoutrement de l’un d’eux semble éloigné de l’image que l’on se fait du viking-type (photo 3) : « C’est un varègue, nom donné par les Slaves. Les vikings sont allés jusqu’à Byzance et en Russie ». Même précision côté mythologie : « Fenrir est un loup géant, fils du dieu Loki et d’une géante, destiné à avaler Odin lors de la grande bataille de fin du monde Ragnarök ». Leur emblème étant une svastika à têtes de loup, prudence est là encore recommandée : c’est un symbole assez répandu et chez les vikings, elle représentait une roue solaire. « Quelques personnes malintentionnées nous ont fait des remarques mais c’est rare. Cela vient de méconnaissance et de préjugés ».
«En Pologne, on était 2000 !»
Nathanaël tient à une autre précision : « Nous ne faisons pas de politique et nous avons des membres de toutes opinions, de toutes professions. Nous sommes aussi motivés par l’idée de pouvoir sortir de la société actuelle, de revenir à certaines valeurs. Vivre les week-ends dehors, comme à l’époque, permet de s’évader. On se retrouve au moins une fois par mois ».
Au total, les Loups comptent une cinquantaine de membres, de 14 à 50 ans et constituent l’une des deux plus grosses troupes de France selon Nathanaël. Il en existe une dizaine en France, dont la compagnie Elivagar dans le Jura. Les Loups eux-mêmes sont également présents dans le Nord Franche-Comté. Pour en faire partie, il faut impérativement avoir un costume et faire preuve de motivation pendant un an avant de pouvoir être admis. « Nous avons une vingtaine de combattants ajoute Nathanaël. Ils pratiquent le combat de touches franches, c’est-à-dire qu’il y a des règles mais que l’on se tape vraiment légèrement dessus ». Des combats que l’on retrouve lors de grands moments tels que fêtes médiévales, reconstitutions ou regroupements internationaux. « Les camps de plusieurs jours sont sympa, on peut se retrouver à 200 avec des Polonais, des Canadiens, des Italiens… Il y a des combats, des tournois, on forge, on sculpte, on cuisine…».
Ses yeux brillent lorsqu’il évoque le festival des vikings à Wolin en Pologne : « On était 2000, il y a eu un combat de 400 contre 400. Certains sont arrivés en "drakkar" (1) ! »
Stéphane Paris
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