Romain Bouteille investit le théâtre Bacchus en mars : il joue Votre honneur, le dernier spectacle qu'il a écrit, et met en scène Saïda Churchill, sa compagne, dans un texte de cette dernière, Y'en a pas que des belles.
Après toutes ces années de spectacle, vous semblez toujours avoir le «feu sacré» comme on dit. Qu'est-ce qui vous motive encore ?
Oh, ce n'est pas un feu sacré ! En fait, ce que j'aime beaucoup, c'est l'écriture. J'aime beaucoup découvrir dans l'écriture. Et puis il y a des avantages à dire des textes, ça change beaucoup de choses : il y a des raccourcis possibles que les romanciers ne peuvent pas se permettre. C'est comme si j'avais un outil supplémentaire par rapport aux romanciers, et ça j'aime beaucoup.
Votre honneur tourne autour de vedettes du show business. Est-ce une charge contre le monde du spectacle ?
Non, moi je raconte des histoires ! Charge contre le monde du spectacle, ce serait complètement inutile puisque tout le monde méprise le monde du spectacle. A moins d'une inculture totale, on sait très bien que tout ce qu'il y a de joli dans le monde du spectacle, c'est par hasard, que tout cela est un commerce plus bas que celui de l'essence ou celui de l'huile ! Les pubs les plus faibles, les plus minables sont les plus «culturelles». Les pubs pour bagnoles sont d'un niveau bien supérieur. Mais c'est un lieu commun, et mon but n'est pas de charger, mais de raconter une histoire qui est rigolote : cette espèce de poète qui a assassiné la vedette de la chanson est rigolo par ses réactions. Il est menteur et en même temps honnête, il est tout ce qui demande à un romancier beaucoup de pages, alors que là certains tons suffisent.
Trouvez-vous que le monde du spectacle a changé depuis les années 60 ?
Non, il n'a pas changé, c'est toujours l'usine. Produire, produire, produire... Il y a des très jolies choses qui restent inconnues. Comme disait un copain, «on va pas trier les cons», s'il y a une jolie chose dans le monde du spectacle, c'est trop de boulot de s'en apercevoir ! Mais il y a tellement de jolies choses inconnues qu'on va pas se casser à acheter des disques !
N'est-ce pas suicidaire de dire ça dans la mesure où vous faites partie de ce monde ?
Oui, mais moi je ne suis pas une usine. Ce qui est merveilleux, c'est qu'un artisan comme moi puisse vivre. Ca ne durera peut-être pas, mais je peux en vivre alors que je fabrique mon objet et que mon objet va coûter maximum 2500 F en comptant les rouleaux de machine à écrire !
On vous connaît bien, mais vous tournez avec Saïda Churchill que l'on connaît moins. Comment la décririez-vous ?
Comment je la décrirais là ? Elle est en train de prendre son petit déjeuner, elle vient d'allaiter le bébé (rires)... Comment je la décrirais ? A mon avis c'est une sauvage. C'est une sauvage cérébrale. Sur scène, justement, elle raconte la vie d'une sauvage. C'est un canular, évidemment : son personnage a vécu extrêmement longtemps et vu les événements principaux du monde. Par exemple elle a fait la guerre d'Espagne entourée de Picasso, Hemingway... toute une bande de gens connus. Et ils ont fait des horreurs, ah ah, ah ! C'est épouvantable...
Recueilli par S.P.
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