Pas évident de rester positif à l’heure actuelle quand on est dans l’événementiel. Beaucoup de questions, peu de réponses. Mais du côté de la Cave à musique, lieu central du rock en Saône-et-Loire depuis 1992, on reste confiant.
« C’est sûr que pour le moral ce n’est pas agréable, mais on reste soutenus et pour l’instant, on a les reins solides » indique Rémi Velotti, responsable Espace musiques amplifiées et action culturelle. Il faut dire que la Cave a pris une place importante dans la vie culturelle mâconnaise - plutôt dynamique pour une ville de cette taille, qui compte également une scène nationale et un club de jazz réputé.
Née du rock, elle est aujourd’hui transdisciplinaire accueillant aussi bien des spectacles jeune public que du cinéma en partenariat avec l’association l’Embobiné.
« Il y a toujours eu d’autres disciplines autour de la scène rock, à l’image de l’atelier de sérigraphie que nous proposons. On peut jouer le rôle d’incubateur associatif. On essaie d’être pluridisciplinaire à partir de notre base musicale ».
Car le cœur de métier de la Cave à musique, qui héberge également l’assoce de producteurs et tourneurs
Youz, c’est le rock. Ou plutôt, désormais, les musiques actuelles.
« Le lieu est né d’une volonté municipale de répondre à des sollicitations des jeunes. C’était l’époque des cafés concerts, d’une nouvelle politique jeunesse. L’association Luciol a répondu à un appel à projet. Aujourd’hui encore, c’est elle qui gère l’équipement mis à disposition par la Ville de Mâcon ».
Culture conviviale
D’abord lieu de concerts, il a rapidement répondu à un autre besoin, celui d’un local où répéter. Petit à petit, Luciol a récupéré et aménagé 4 caves côte à côte pour aboutir à la structure actuelle, un ensemble cohérent composé d’un espace d’accueil et d’expositions, d’une salle de spectacle (jauge 400 debout ou 133 assis), d’un espace musiques amplifiées (EMA) comprenant deux locaux de répétition équipés, un local « musiques assistées par ordinateur », un local résidence, un centre de ressources et un atelier création numérique. Ces espaces donnent sur une cour qui sert aussi à des animations tels que des apéros musicaux.
« On y invite les voisins. On est issus d’une culture conviviale et humaine, c’est important et même fondamental pour nous ». Luciol tient à l’idée de rencontre. Les musiciens invités sont accueillis, mangent avec l’équipe.
« Pouvoir échanger, discuter est sympa pour les bénévoles et pour les artistes. On a un retour positif de leur part sur l’accueil ».
Les 70 soirées annuelles – en temps normal – ne doivent pas masquer les heures de résidences, animations, formations, répétitions, prévention des risques auditifs qui font de la Cave à musique un lieu d’accompagnement, de conseils, de mise en réseau, d’émulation, d’abord dédié à la pédagogie et à la musique de loisir.
Evolution des pratiques et des styles
Bon an mal an, elle accueille 130 projets
« On a répondu aux besoins à mesure qu’ils apparaissaient, par exemple en créant un studio pour aider les groupes à développer un projet ». La Cave a grandi avec l’évolution des pratiques.
« Il y a un peu moins de groupes qu’il y a 10 ans. Comme partout en France, l’essor de l’informatique musicale a amoindri les pratiques collectives. Beaucoup font de la musique seuls chez eux et cherchent une visibilité sur le net. Les styles des jeunes aujourd’hui relèvent plus du rap et de l’electro qui sont moins en recherche de scène que le rock. Mais on a aussi des gens de 50 ans qui continuent à en faire. Nous sommes ouverts à toutes les esthétiques. Satisfaire les nouvelles générations et même les mélanger aux anciennes font partie de nos buts. Mais avant, les jeunes venaient à la Cave sans se poser la question de ce qui s’y passait. Aujourd’hui, j’ai l’impression que le public est plus volatile ».
A court terme, l’équipe de 11 personnes (auxquels ajouter une vingtaine d’intermittents et les bénévoles) se pose la question de redémarrer la programmation en s’adaptant à la nouvelle donne. A plus long terme :
« le gros projet est d’agrandir la salle car on doit récupérer une cave. L’idée est de passer à 700 places pour accueillir une autre catégorie d’artistes. Mais en gardant l’identité construite depuis 28 ans ».
S.P.
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