Au moment de débuter leur concert aux Eurockéennes, le 1er juillet, les Fallen Lillies se souvenaient avec émotion de leur première venue de l’autre côté de la barrière. Elles avaient déjà joué au Hellfest, mais les Eurocks ajoutaient un suppplément affectif : les quatre jeunes femmes viennent de Montbéliard. « Les Eurockéennes, c’est chez nous, on y va depuis longtemps dans le public, alors ça fait plaisir de venir en tant que groupe ». Ce 1er juillet 2023, elles partageaient l’affiche avec Siouxsie et Gojira, entre autres. Comme des symboles. La première pour le rock au féminin. Les seconds pour la musique à haute énergie. Et les quatre Fallen Lillies étaient ravies de pouvoir retourner côté public après leur propre prestation. « Bien sûr que l’on va aller les voir… Une fois qu’on sera redescendues de notre petit nuage ! » s’exclamaient-elles après leur set roboratif malgré la pluie qui commençait à tomber sur le site.
Elles incarnent cette double orientation. La première un peu par inadvertance, sans activisme militant, mais avec fierté. « C’est vrai que par la force des choses on représente le rock au féminin. Des jeunes filles viennent nous voir pour nous demander conseil. Si on peut susciter des vocations, on est ravies ». Elles-mêmes citent des influences de cette trempe : Crucified Barbara, L7, Girlschool… Le nom du groupe s’en prend au cliché de la femme parfaite, déconsidéré par le mot « fallen » (déchu). « Lilly, en anglais, c’est une femme qui s’occupe bien de son mari, de sa maison » indique Ludivine, la bassiste. Leur profil sur les réseaux sociaux évoque « quatre nanas qui font la fête et qui ne cherchent pas à entrer dans le moule de la femme qui attend gentiment qu’on lui ramène sa pantoufle de verre ».
Elles se réclament surtout d’une musique énergique, direct, sans fioritures. Du rock, heavy, hard, efficace envoyé par un combo en format classique : deux guitares (Hélène et Laura), une basse (Ludivine), une batterie (Marine), le chant étant assuré par Hélène. Il faut dire qu’elles ont été nourries à la programmation de l’Atelier des môles, salle rock notoire de Montbéliard. Une salle qui affiche la couleur depuis 1983 : « riffs endiablés, sons saturés et cris d’outre-tombe poussés par des chanteurs habités ». Les Fallen Lillies y ont toujours leurs habitudes. Une sorte de QG de leur vie de musiciennes où elles s’impliquent fortement puisque Marine est présidente de l’association qui gère la salle. Mais pour ses collègues, la vie professionnelle n’a rien à voir avec la musique : elles sont ingénieure, interprète en langue des signes, maroquinière. « Ce n’est pas évident à mener de front, d’autant que l’une de nous vit à Paris indique Ludivine. Mais on répète dès qu’on peut et on arrive à le faire une à deux fois par mois toutes les quatre ».
« Il y a 10 ans, on n’aurait pas imaginé tout ça ! »
« Ludivine, Marine et moi nous sommes rencontrées au lycée Cuvier raconte Hélène. On avait un groupe pop rock du nom de Bumblebeez, mais dès le début, on avait la volonté d’aller vers une musique plus hard, plus metal. Ça s’est concrétisé avec l’arrivée de Laura, grande fan du genre et de Metallica ! » Leur unité s’est affinée à partir de parcours divers : percussions en école de musique classique pour Marine, cours de guitare puis apprentissage de la basse en autodidacte pour Ludivine, cours de guitare et musicologie pour Laura, conservatoire piano pour Hélène. « Ça fait 10 ans que le groupe existe dans le même line-up, dix ans qu’on est ensemble ! s’étonnent-elles presque. Il y a très peu de tensions entre nous. On est comme un vieux couple, mais on est quatre ! » Pas vraiment de leader. Elles composent à quatre. « On travaille ensemble, on réfléchit aux thèmes et messages à faire passer, et on écrit en anglais grâce à Ludivine qui est bilingue ».
Sur scène, leur cohésion évidente est nourrie de cette entente ajoutée à l’expérience. Les Fallen Lillies tournent beaucoup. Avant les Eurocks, elles ont déjà participé à des festivals comme la Paille ou les Feux de l’été. Et surtout le Hellfest, au cœur de l’univers metal. « C’était impressionnant. Quoi qu’on fasse après, ça restera comme un grand moment. Il y a 10 ans, on n’aurait pas imaginé tout ça ! »
Stéphane Paris
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