Emilie Soumba et Louis Simonnet sont deux artistes récemment diplômés de l’Institut supérieur des beaux-arts de Besançon (2022 pour l’une, 2023 pour l’autre). Ils ont pour autre commun l’utilisation, pour leurs créations, de matériaux glanés et récupérés au gré de leurs promenades. L’exposition In Two, organisée par les Ateliers Vortex, réunit 11 œuvres de ces deux artistes à Dijon. Au milieu de la pièce principale, un ready-made :
Nova, de Louis Simonnet, est composé à partir d’une toile de parapente étalée. Elle semble organiser l’espace et l’on peut même y voir une représentation d’une aiguille de boussole, orientant le regard. Derrière elle,
Instinct grégaire, sculpture en polypropylène d’Emilie Soumbia, lui répond, de manière différente selon l’angle. Elle peut évoquer un poisson et, dans ce cas, insinue que la toile évoque aussi l’image d’un canoë. Ce qui rappelle le titre de l’exposition,
Horizons liquides. L’horizon du parapentiste, l’univers liquide du céiste. Et si l’on se retourne,
Instinct grégaire devient premier plan de
Rêve d’été, huile de Louis. Ce dernier a récupéré une grande bâche bleue. En s’approchant, on y voit un nageur, perdu dans l’immensité bleue.
« Il est dans une perspective à la fois idyllique et mal barrée, décrit Louis.
J’ai voulu laisser transparaître une tension, entre la détente du nageur en vacances et le risque lié. Il crawle, mais son bras levé pourrait être un appel ». Ces ambigüités traversent les œuvres exposées. Les deux artistes ont leur vision, mais préfèrent laisser chacun laisser libre cours à sa propre interprétation.
Ils apprécient surtout
« la belle opportunité offerte par les Ateliers Vortex. Ils nous ont contacté en août, on a travaillé à distance, réfléchi aux œuvres que l’on voulait proposer, puis on a discuté autour d’un café et aux Ateliers Vortex pour affiner notre proposition à partir du lieu relate Emilie.
On voulait trouver un équilibre et une cohérence entre nos propositions ».
« Les Ateliers offent un bel espace volumineux. Pour nous, c’est une marque de confiance généreuse » complète Louis.
Horizons liquides est visible jusqu'au 10 février. Il s’agit de la 5e édition d’
In Two, proposition singulière des Ateliers Vortex. L'idée est d’associer le regard de deux artistes, complété d’une création sonore (en partenariat avec Ici l’onde). C’est ainsi que la musicienne parisienne
Deeat Palace, va proposer une performance le 3 février, à 17 h, en ouverture du festival Souffle. Son improvisation à base de musiques industrielle et bruitiste s’inspirera de l’expo.
Les Ateliers Vortex sont attachés à la transversalité des pratiques artistiques.
« Nous avons lancé In Two en 2021, après la période difficile de la pandémie, pour soutenir les jeunes artistes qui travaillent sur le territoire régional explique Fiona Lindron, cofondatrice et codirectrice de Vortex.
On regarde le travail des jeunes diplômés des écoles de Bourgogne-Franche-Comté et on essaie de trouver des problématiques communes, des échos, des thématiques pour proposer à deux d’entre eux de dialoguer ». Une idée judicieuse selon Claire Kueny, professeur d’histoire de l’art à l’Isba. Elle écrit :
« Il y a un effet d’évidence, fruit d’un travail, d’une recherche, d’une construction, dans le dialogue proposé par les deux artistes. L’exposition devient ainsi le lieu où se révèlent les lignes partagées autour du geste de glaner dans le réel ce qui n’a plus de valeur aux yeux des individus, des entreprises, de la société ; du souci de la valorisation de ces choses ; de la fabrique de paysages ».
Pemphrédo, œuvre d’Emilie, est même réalisée à partir de rebuts de sacs poubelles étirés et tressés (on pense à une plante, le nom est celui d’une méduse de la mythologie grecque). Soit l’emballage de déchets, devenu lui-même déchet, valorisé en œuvre d’art !
« Notre rôle est aussi de susciter des questions » estime Louis.
S.P.
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