"L’impro ne s’improvise pas”. La phrase peut surprendre mais François Avilès la martèle et tient à faire passer le message. Comédien professionnel, il a créé l’Arti, association régionale pour le théâtre et l’improvisation avec Christian Spinelli, pro lui aussi. Ils animent des ateliers hebdomadaires dans leur structure et à la Ludi Franche-Comté, ligue universitaire d’improvisation. “Il y a tous les âges, tous les milieux et chacun prend ce qu’il veut” explique François. “Pour certains c’est l’envie de jouer, pour d’autres de faire un travail sur eux-mêmes, pour avoir plus d’idées ou apprendre à parler en public…on rit beaucoup dans les ateliers. On cherche à se sentir bien”.
Et parole de pro, pas besoin d‘avoir une imagination débordante pour faire du théâtre d’impro. “Il faut juste oser, dédramatiser, faire tomber les barrières”. S’il ne s’improvise pas, ce théâtre-là répond à des règles très précises dont la principale se résume en trois verbes : “Je t’écoute, je t’accepte, je construis”.
Travailler
les 3 casquettes
du théâtre
L’enchaînement de ces trois verbes a été érigé au rang de dogme par l’Arti et c’est grâce à lui que les histoires se créent. Car ici, pas de texte sur lequel on s’appuie. A partir des thèmes référencés, tout peut arriver. “On peut être objet, animal, personnage imaginaire, être humain. Si on est robinet, on essaie de ressentir l’impression de l’eau chaude qui coule et de la transmettre”. Travail sur le physique, la voix, le phrasé, l’espace, le théâtre d’impro est très complet. “On travaille instantanément sur les trois casquettes du théâtre. On est acteur, son propre auteur et son propre metteur en scène. Et dans la vraie vie ça fait un bien fou de se dire je suis mon propre auteur”.
Le point de départ est volontairement vague (derrière la porte, la chaussette trouée…) pour ne pas brider l’imaginaire. “Il doit être un déclic plus qu’une contrainte et il n’est pas nécessairement le thème général de l’histoire” souligne le comédien. Méconnue et parfois un peu méprisée par le milieu du théâtre à texte, l’improvisation se donne à voir en match, en procès, lors de soirées durant lesquelles le protocole occupe une place de choix (temps chronométré, décorum, mot du capitaine, arbitre…). Dans la salle, “un public qui ne va pas forcément au théâtre” note François Avilès. “Nous, c’est le théâtre par tous et pour tous. C’est cette ouverture qui nous définit”. Une ouverture que se retrouve sur scène. Incontournable quand on puise son inspiration aussi bien dans la littérature que dans les séries télé, le cinéma et la vraie vie !
Aline Bilinski
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