C’est une histoire de rencontres, de contacts, de liens tissés de fil en aiguille et au fil du temps. Une histoire d’amis et d’amis d’amis. “L’autre jour, j’étais à Paris avec un stagiaire et il n’en revenait pas de croiser autant de monde plus ou moins connu autour du label. Je me suis dit que ce qu’il rencontrait en 5 minutes, j’avais mis 20 ans à le construire”.
Ce réseau est aujourd’hui réuni sous un nom : Kicking. Stéphane Cupillard, son instigateur, a d’abord créé Kicking records pour aider le groupe The Black Zombie Procession à sortir un disque. “Le travail a plu, la sauce a pris et on m’a sollicité pour d’autres propositions”. Le label a grandi en signant d’autres groupes, s’est développé sur des projets parallèles et le nom s’est décliné : Kicking fest, Kicking wear, Kicking books, demain Kicking tours et peut-être Kicking motors (pour faire des skate-boards). Sans rien de prémédité. Chaque idée en entraînant une autre, jetée comme une suggestion en l’air. Un exemple, Kicking books. Le premier et pour l’instant seul titre édité est une autobiographie de Kevin K, semi-légende du punk new-yorkais. Quelqu’un qui a connu Johnny Thunders et Iggy Pop.
“J’ai rencontré Kevin K par l’intermédiaire de son backing band en Europe, les Nîmois de The Last Brigade relate Stéphane. J’ai organisé un concert à Toulouse et le lendemain, avant de partir, il m’a laissé un manuscrit. Je l’ai lu, j’ai adoré. Je l’ai fait traduire et adapter par deux amis, Christophe Prely et Nasty Samy”. Résultat, “How to become a successful loser” n’existe actuellement qu’en français, sous la forme d’un très beau produit accompagné d’une compile CD de 24 titres.
“J’ai été un peu boulimique”
Kicking wear est né un peu de la même façon : “Jérôme Bidalot est batteur et chanteur d’un groupe du label, les Black City Babies. Il me file souvent des coups de mains sur le label. Un jour il m’a parlé de sa volonté de lancer une marque de vêtements. Je lui ai suggéré d’utiliser le nom de Kicking qui commence à avoir une notoriété et qui permet d’établir des connexions. C’est une façon de l’aider”. Du coup, le Kicking shop a ouvert il y a deux mois à Pontarlier. On y trouve des habits de la ligne Kicking wear mais aussi de marques en lien avec des groupes du label.
Et bien sûr les disques estampillés Kicking records. Le label compte actuellement une quinzaine de groupes. De Franche-Comté, Stéphane Cupillard ayant gardé beaucoup de connexions dans la région, mais aussi de Hongrie, d’Australie ou des Etats-Unis. Mother Superior figure au catalogue, on peut trouver pire. Avec une prédilection pour le punk et le heavy rock mais aussi du pop folk acoustique. Là encore, tout dépend des rencontres, du feeling, plus que du genre. Ils mènent Kicking à bientôt distribuer en CD la musique du prochain spectacle du cirque Plume. “Au départ, je partais pour faire un disque ou deux. Et j’en ai fait 25 en deux ans et demi ! J’ai été un peu boulimique. Mais quand on fait un pas, il en entraîne un autre et l’on n’imagine pas que cela va prendre de l’ampleur”.
Bientôt un Kicking tour
D’autant plus étonnant lorsqu’on sait qu’il s’agit d’une passion, qui prend du temps et de l’argent. Stéphane est salarié à Toulouse dans le domaine de l’écologie. Rien à voir avec la culture ou le rock.
“C’est sûr que ça prend une grosse partie de mes soirées et de mes week-ends. Mais je ne regarde pas la télé, je n’en n’ai pas…” Il ne semble pas en phase de ralentir et les projets ne manquent pas : développement des Kicking shops, idée de Kicking tour avec plusieurs groupes du label, organisation de plusieurs Kicking fest comme celui qui s’est déroulé au Cousty bar de Besançon le 10 juin dernier. A l’heure d’internet et de la crise du disque, on peut s’étonner, autant que se réjouir, de telles initiatives. Aventureux ? “Si j’écoutais ce qu’on me dit, je n’aurais rien fait. Si ce n’était pas aventureux, ce serait beaucoup moins intéressant”.
Stéphane Paris
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