Après avoir produit Un bestiaire européen début juin pour les Rencontres jeune création de Besançon, l'Atelier lyrique de Franche-Comté s'apprête à proposer cet été Cendrillon de Pauline Viardot, opéra de chambre alliant humour et qualité lyrique. Ensuite, l'association s'attellera à préparer Kosma et les poètes, recueil de textes de Prévert, Desnos, etc., mis en musique par Joseph Kosma et prévu pour le 17 novembre à Besançon.
A tous points de vue, l'association née en 1995 grandit. En reconnaissance, en nombre de spectacles proposés, en adhérents, au nombre de 150 aujourd'hui. Nommée la Clef des chants au départ, elle a changé de nom, notamment pour faire apparaître son origine franc-comtoise. Un changement également symptomatique d'une autre amplitude. « Nous sommes partis petits, raconte Nicole Marchand, la présidente. Au départ c'était très familial. L'idée de créer une association musicale nous titillait depuis longtemps mais l'élément décisif a été la formation soprano de notre fille en Angleterre. Pendant les vacances, elle venait avec des amis de ce milieu artistique et certains ont émis le souhait de faire de la musique ici. Alors on a créé l'association, on a fait des concerts qui ont eu du succès et on a continué ».
D'emblée, il est décidé de se produire essentiellement en milieu rural. L'un des principaux buts de l'Atelier lyrique est « d'apporter une forme d'expression musicale urbaine réputée très chère dans des lieux inédits. Plutôt que d'aller en ville, pourquoi ne pas transporter l'opéra à la campagne et mettre l'art lyrique au vert ? » Le succès répond à cette question. « Ce fut l'une de nos bonnes surprises. Les gens à la campagne sont très ouverts, ils ont été ravis des concerts proposés. A mon avis, une fois qu'ils se décident à venir, ils ont beaucoup moins d'oeillères, d'idées toutes faites que le public urbain ».
Pour inciter à la découverte, les tarifs sont bas mais le répertoire parcouru ne cherche pas à attirer à tout prix : « On alterne le contemporain et le reste en souhaitant faire découvrir autre chose que ce que l'on entend habituellement. L'objectif est de faire des recherches sur des auteurs méconnus ou sur des oeuvres méconnus de grands auteurs. Et sans faire de grands spectacles, car on n'a pas les moyens, mais plutôt des petites pièces, des petits opéras ». Autre principe étonnant, les artistes qui préparent un spectacle avec l'atelier sont reçus en résidence chez la famille Marchand. Dans un cadre qu'on peut qualifier d'enchanteur : à Voray-sur-l'Ognon, une grande demeure au bord de la rivière, avec un parc de 4 ha et des courts de tennis offrent un environnement propice à la bonne humeur et à la détente. « C'est une expérience de travail et de vie en commun que tous ceux que nous avons reçus ont apprécié. Pendant 15 jours, ils se voient autrement que pendant les répétitions, ce qui donne un autre état d'esprit, une complicité. On a d'ailleurs des fidèles qui sont venus plusieurs fois ».
La taille de la maison permet de loger jusqu'à 25 personnes. Et lorsqu'il est arrivé que le nombre d'artistes dépasse ce nombre, l'association n'a eu aucun mal à trouver des habitants du village heureux de loger des artistes et d'aider l'Atelier. L'association privilégie les jeunes professionnels : leur proposer ces conditions de travail, leur donner la possibilité de monter des spectacles et de s'exprimer à travers des récitals variés, est une manière de les aider. Et d'encourager l'art lyrique.

S.P.