"On n'est pas tous illicites et tant mieux si notre rap fait bouger les politiques", "pour que le message puisse passer, je me dois d'être policé, provoquer le débat", "arrêtez de nous ficher, de nous coller les mêmes clichés". Dès le premier tire, "Je passe notre message", Liteul Elid, Sherr-Khan et Neofit posent les bases du CD : une compilation de rap née en Franche-Comté, aux textes responsables et matures. Il suffit de lire les titres : "l'Innocence", "Peace and love", "Actif !", "Jeunes responsables", mêmes ironiques, montrent une prise à rebours des clichés que le grand public associe facilement au rap. Pas d'histoires frivoles de grosses voitures, de filles ou d'armes à feu. Au contraire quelques thématiques "sérieuses" traversent en filigrane tout le disque, lui donnant unité de ton et cohérence jamais évidentes dans ce type d'exercice : l'injustice sociale, la volonté d'expliquer (le film "Indigènes" est cité en référence sur l'étonnant "Retour aux sources"), le réquisitoire de défense soutenus par des texte soignés, à l'image du journal d'un condamné à mort scandé par Kreshendo dans "l'Innocence". Des sons souvent dépouillés donnent à l'ensemble une tonalité musicale mélancolique mais n'empêchent pas des flows rageurs voire révoltés. Certaines sonorités n'auraient pas été reniées par le Dr Dre lui-même comme sur "la Rage des boyaux" de Karnage Vokal, Cypress Hill ("Bezak" de Neofit) ou même DJ Vadim qu'évoque "Bestown state of mind pt1" d'Electrons Libres et l'Enigmatique. En tout 14 titres dont la densité révèle une scène locale insoupçonnée et, il faut le signaler, portés par une grande qualité d'enregistrement.
Album disponible à partir du 6 février.
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