«Ce qui rassure toujours dans un bidonville, c'est qu'on est tous pareils. La lutte de classes ça n'existe pas entre nous et ce qui t'arrive de pire, c'est de monter parce que plus bas, il n'y a plus rien que la terre dans laquelle on t'enterre». Une réflexion parmi mille et une phrases intelligentes, touchantes et sincères d'Amor Hakkar, «enfant de 10 ans avec la mémoire d'un adulte de 42», dans son roman "La Cité des fausses notes", paru en février dernier. Le cinéaste bisontin d'origine berbère a senti l'envie de se retourner sur son enfance, probablement, comme il l'avoue, le moment le plus agréable de son existence. Après la réussite du film "Sale temps pour un voyou" et l'impossibilité de finir son deuxième projet cinématographique à cause de problèmes économiques, il s'est laissé tenter par la littérature. «Il ne faut qu'un papier et un stylo et cela m'a permis de me réaffirmer et de me soigner dans un moment où j'en avais besoin».
"La Cité des fausses notes" est donc un livre autobiographique ?
Je dirais que c'est un roman avec effectivement un certain nombre d'événements qui sont arrivés à moi-même où à des gens que j'aime, mais dans une dimension romancée, romanesque. La cité des fausses notes du titre n'est qu'une façon gaie de décrire les Founottes, quartier de Besançon. Je pense que tous ceux qui ont habité dans un bidonville semblable peuvent s'identifier au personnage principal. Toutefois, j'ai aussi essayé de donner à mon roman une dimension universelle.
Les enfants de 10 ans d'aujourd'hui pensent-ils de la même façon ?
Jusqu'à l'âge de 10 ans je crois que les enfants sont préservés des réalités matérielles et quotidiennes, ils sont encore un peu sur un nuage. Ils vivent dans un monde plutôt agréable plein de candeur, douceur, générosité et tendresse. Toutefois, je pense que les enfants des cités d'aujourd'hui ont perdu leurs racines. Leurs références culturelles sont désormais Nike ou Adidas et ils ont du mal à se situer. Or je crois qu'il est important pour tout individu de savoir d'où il vient. Le savoir fait qu'on s'intègre encore mieux dans la société où l'on vit.
Vous vous sentez plus Bisontin ou plus Algérien ?
Je suis arrivé en France quand j'avais 6 mois. Pendant longtemps je me suis cru Franc-Comtois et puis finalement j'ai découvert que j'étais aussi berbère. En termes poétiques, comme je dis parfois, dans mon coeur il y a effectivement les sapins du Jura mais il y a aussi les figuiers des Aurès, la région d'Algérie d'où je viens.
Après un film et un livre, quel est le prochain projet ?
Actuellement je travaille sur un documentaire pour une chaîne française sur une ville antique en Algérie.
Y aura-t-il un nouveau livre ?
Je ne sais pas. Par contre, je suis maintenant dans l'image et cela c'est mon métier.
Avez-vous pensé traduire le texte en images ?
Non. Comme écrivain de scénarios, je peux dire vraiment que j'ai pensé le livre pour la lecture. J'ai du mal à le penser en tant que film. J'avais envie de retourner à mon enfance et je l'ai fait, mais maintenant je n'ai plus besoin de mon passé. Plutôt de me concentrer sur de nouvelles histoires d'adultes.
M.R.
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