Etre artiste et vivre à la campagne : un double choix qui ne paraît pas évident. Dans le cas d’Agathe et Grégoire, il est surtout le résultat des circonstances. Pour Grégoire, ou Hank China sa signature d’artiste, c’est sa perte d’emploi de graphiste qui l’a décidé. «C’était l’occasion de me remettre à la peinture. Depuis, ça se met en place tranquillement, et ça va vers le haut».
Son parcours a commencé avec une école d’art graphique à Strasbourg, avant d’intégrer le monde professionnel. «La peinture, c’est en autodidacte. J’ai toujours un peu dessiné. On m’associe souvent au street art. C’est vrai que je suis influencé par ce mouvement mais je ne peins pas dans la rue. Mon influence principale est plutôt du côté de la figuration libre des années 80 et de gens comme Basquiat, Combas, Di Rosa. En ce moment, c’est vendeur. C’est une façon de peindre sans contrainte technique, basée sur l’énergie plus que sur une technique».
Lui et sa femme vivent à Voillans, petit village près de Baume-les-Dames. Petit à petit, ils se construisent un public et parviennent à vivre de leur art, en ayant «la qualité de vie de la campagne».
Angoissant mais excitant
«Ce qui prouve qu’il ne faut pas forcément habiter dans une grande ville. Y être par l’intermédiaire des galeries suffit. Moi je suis présent dans tout l’est, dans une dizaine de galeries (1). Et je ne cherche pas spécialement à être à Paris où les galeries sont petites. Le plus difficile n’est pas de trouver des galeries mais d’en trouver des bonnes, dynamiques».
En contrepartie, il faut bouger. «La peinture proprement dite, c’est 20 % du boulot. Le reste c’est du commercial, des déplacements, des relances. Dans ce cadre, les réseaux sociaux comme Facebook sont importants. Dans l’ensemble, c’est comme une petite entreprise avec les contraintes de comptabilité, l’administratif, très chronophages». Salons et expositions font également partie des moyens de se faire connaître. Hank China sera bientôt à Art3f Lyon et en septembre au salon d’art contemporain de Seloncourt.
Il dit avoir des horaires plus amples qu’avant mais n’y voit pas un inconvénient. «Quand on travaille pour soi et que c’est passionnant, on ne voit pas ça comme un travail. C’est vrai qu’on n’a pas beaucoup de temps libre et qu’il faut faire une croix sur les conforts du salariat : revenu fixe, retraite, cotisations, congés… Dans notre cas, on ne sait pas ce qu’on va gagner le mois d’après. C’est angoissant et excitant. Mais pour moi, le choix est vite fait.»
Bijoux en tissu
Comme Grégoire, Agathe commence à avoir une clientèle, un réseau (boutiques, marchés, web (2)) et à vivre de son art, la confection de bijoux et accessoires en tissu. Elle est passée par les beaux-arts, à Mulhouse, option textile (après 4 ans de couture).
Passage important selon elle. «Quand on y passe plusieurs années, la sensibilité se développe, on arrive à se trouver et on ne voit plus les choses de la même manière. On n’a plus la même approche de ce qui est beau ou laid».
Elle a commencé il y a 3 ans et trouve peu à peu son rythme. «J’ai des carnets où je fais des dessins quand ça me prend et je passe mes soirées à la couture. Je développe des thèmes comme ceux des nuages ou des papillons sur des petits accessoires. Mes productions sont très colorées, ce qui n’est pas évident car les gens n’y sont pas habitués, mais petit à petit ça commence à être apprécié». Pour elle non plus, la question des horaires ne se pose pas.
«La couture, c’est vital, j’en ai besoin. De même que d’aller sur les marchés, rencontrer du monde. C’est une passion, ce qui compense largement les inconvénients».
Stéphane Paris
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