Même à l’entraînement, le départ est un moment de tension extrême. Perchés en haut d’une butte pouvant aller de 3 m (niveau départemental) à 8 m (niveau coupe du monde), les pilotes s’apprêtent à plonger en pente raide vers la première bosse, de 80 cm. «Un jour, on a mesuré les pulsations du champion du monde Thomas Allier au départ. C’était équivalent à celles d’un pilote de F1 au démarrage» relate Eric Pihet (photo 2, à g.), vice-président du comité régional de cyclisme et président de la commision BMX. A tel point que la durée entre la phrase «riders ready, watch the gate» et l’abaissement de la barrière est devenue aléatoire : entre 0,1 et 2,70 secondes, pour éviter les démarrages intempestifs anticipés.
Ensuite, c’est la course, effort bref et violent sur des bosses et des virages relevés. «C’est 40 secondes à fond quasiment en apnée en absorbant les chocs» résume Eric Pihet. Adrénaline, intensité, sensations fortes : selon le site de la fédération française de cyclisme, ce sont les principaux ingrédients recherchés par les adeptes du BMX.
Ces derniers sont de plus en plus nombreux et le BMX race est la discipline du cyclisme qui enregistre les meilleures progressions. «Depuis 1996, l’augmentation des licenciés est permanente confirme Eric Pihet. On a des courses à plus de 300 participants, là où c’était plutôt 75 au début». La Bourgogne-Franche-Comté n’est pas mal lotie : 14 clubs, 2 entités en DN2 (2e niveau national) et quelques pilotes de haut niveau (lire ici). Les pratiquants se répartissent à parts égales entre compétition et loisirs avec un peu plus de filles que dans la moyenne nationale (entre 11 et 12 % contre 10). Bémol, avec 12 pistes dans la région, «il y a encore des déserts pour la pratique». Or, contrairement au BMX freestyle (1), la pratique du "race" nécessite une piste homologuée. «Pour avoir le droit d’organiser un entraînement, il y a des normes. Mais avoir une vraie piste coûte cher, ce n’est pas évident pour les communes. Par ailleurs, l’accès aux pistes passe presque exclusivement par les clubs».
S'exercer tous les jours
Autrement dit, il vaut mieux prendre une licence si l’on veut pratiquer (2) – ce qui n’est pas le cas du freestyle. C’est de toute façon une condition sine qua non pour acquérir les techniques liées à une pratique exigeante. «Pour faire de la compétition, il faut s’exercer tous les jours estime David Dornier, entraîneur du BMX Besançon (photo 2, à dr.). Il n’y a pas besoin d’être spécialement "fou fou". Par contre, il faut avoir de la force, de l’explosivité, de la rapidité de mouvement, de la technique pour passer les bosses et les virages. On fait beaucoup de musculation et on travaille beaucoup la préparation mentale». Ces exigences expliquent que les athlètes arrêtent assez tôt. Notamment parce qu’il n’y a pas de professionnalisme en France. Conjuguer pratique intensive et vie active n’est pas évident. Thomas Kréa, l'un des plus doués de la région en fait l'expérience : son statut d'apprenti ne lui permet plus de s'entraîner comme il aimerait et il pense mettra sa carrière entre parenthèses.
Dès 2 ans
Mais même sans compétition, faire du BMX développe des qualités. «En termes de cyclisme, c’est énorme assure David Dornier. A mon sens, c’est la meilleure école de vélo et après on peut se frotter à tout, le contact ne fait pas peur. On améliore la synchronisation, l’équilibre, l’habileté. Et le respect, une notion très importante entre pilotes».
Eux-mêmes ressentent des apports : capacité de concentration, dépassement de soi, confiance. «Pour moi, ce sont des acrobates, des équilibristes, ajoute Eric Pihet. Evidemment, cela va de pair avec la notion de sport à risques. Des chutes, des blessures, il y en a. Mais elles sont rarement très graves».
A quel âge peut-on commencer à s’habituer à "l’adrénaline" ? «Désormais, on propose des licences dès 2 ans. Les tout petits commencent en draisienne».
Stéphane Paris
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