Les séances de Cinévasion en milieu rural, c'est eux : Vincent Laronde et Philippe Faveresse sont les deux jeunes animateurs-projectionnistes qui, à tour de rôle, permettent aux habitants de petites communes de Haute-Saône de bénéficier de séances de cinéma à proximité de chez eux. Une fonction à laquelle ils sont parvenus par des parcours différents : Vincent Laronde, originaire d'Aurillac, a travaillé dans des salles fixes avant de suivre à Limoges l'une des 3 formations françaises d'animateur-projectionniste en milieu rural (« la plupart de ceux qui ont suivi la formation ont trouvé du travail »). Philippe Faveresse, Haut-Saônois de Genevrey et « fan de ciné » a appris le métier sur le tas à Cinévasion. « Le cinéma itinérant est une très bonne école indique-t-il. Nous faisons le même travail qu'un projectionniste en salle, le matériel est sensiblement identique. A la différence que nous devons tout installer à chaque séance, ce qui prend trois quarts d'heure à une heure puis au moins une demi-heure pour tout remballer après. Nous devons nous adapter à chaque salle, avec des réglages particuliers, des problèmes différents pour lesquels il faut se montrer débrouillard puisqu'on est seul sur place pour gérer la séance de A à Z. Il m'est déjà arrivé de faire une séance en rafistolant, avec des élastiques partout ou encore de devoir projeter un film en 23 images/seconde ! ».
L'autre différence majeure avec les projections en salle, c'est un important côté animation. « Il y a un contact avec les gens qui n'existe pas en salle fixe souligne Vincent Laronde. Quand les gens aiment le film et viennent nous dire merci, cela fait plaisir, même si on n'a rien fait de particulier. On est juste le dernier maillon de la chaîne, mais il n'est pas rare que les gens veuillent discuter du filin. C'est très convivial. Dans les villages, il y a des habitués, il y a aussi les bénévoles associatifs qui sont nos relais pour préparer les séances et donc des liens se tissent, on est parfois invités à manger ». Ce côté animation, c'est aussi l'organisation de soirées à thème, choisies en lien avec les communes. Voire plus : « On aimerait aller plus loin, recréer une ambiance ciné-club, faire des animations autour des films, pouvoir aider les gens à décrypter les images ». Même sans tous ces aspects, le seul fait de proposer des projections est important. « Cinévasion propose mais ce sont les associations avec qui nous travaillons qui décident de la survie du cinéma dans leur village. Dans certains endroits, il y a des spectateurs qui viennent quel que soit le film et lorsqu'on y va, on sait qu'on va les voir. Parce que nous représentons la seule animation du mois ».
Pendant les vacances, Cinévasion organise également des séances pour jeunes l'après-midi. Et participe à diverses initiatives telles qu' «un été au cinéma», «école au cinéma» ou «collège au cinéma». En bref, un métier qui associe connaissances techniques et contact humain. « L'objectif n'est pas de gagner de l'argent mais de faire plaisir aux gens. La mission de Cinévasion est non lucrative ». Très bas pour des séances proposant des films récents, les tarifs se situent au minimum (18 à 25 F) et couvrent juste les frais engagés. Et encore, sans les salaires des deux animateurs,puisqu'ils sont pour l'instant en emploi-jeunes.
S.P.
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