Jazz et jeunes font-ils bon ménage ? Non selon une idée très reçue, oui selon les responsables du Crescent.
« On a fait des soirées scène ouverte pas seulement centrées sur le jazz cite en exemple Antoine Barteau.
Ça a été explosif, avec des jeunes des quartiers qui venaient toaster sur du jazz. On arrive à les faire venir parce qu’on mixe les genres et peut-être parce qu’on est bien implanté dans le réseau culturel local. Dans nos stages, nous avons un tiers de moins de 25 ans. Lors de nos concerts, le public est varié, avec des jeunes ». L’actuel directeur du Crescent entend réfuter toute notion de musique réservée, sans parler d’élitisme.
« Les conservatoires, les écoles de musique ont inclus le jazz. Ce n’est pas une musique de vieux. C’est une des musiques les plus métissées, qui a participé à la création de musiques d’aujourd’hui, dont le hip-hop, où l’on trouve de nombreux samples issus du jazz ».
Le jazz est le socle du Crescent. Mais dès sa création en 1994, l’association mâconnaise a souhaité l’orienter à l’ouverture.
« On défend l’idée que c’est une musique populaire ouverte à tous » insiste Antoine Barteau. Ce credo est affirmé sur le site :
« Le Crescent a toujours placé le partage et la rencontre au coeur de son activité. Ouverture à d'autre musiques et d'autres courants artistiques, d'abord, en intégrant à sa programmation toutes les influences qui placent le jazz comme une musique vivante dans le paysage des musiques improvisées et en proposant au public un éventail aussi large que possible par des rencontres avec le hip-hop, les musiques du monde, les musiques électroniques et les musiques traditionnelles. Un des principaux axes de travail est la volonté de proposer des projets pluridisciplinaires et transversaux qui permettront d'intégrer d'autres champs artistiques comme la danse, le théâtre, la vidéo, la photo, la peinture, le cinéma ».
« Faire découvrir cette musique au plus grand nombre »
Le Crescent est une idée des musiciens Eric Prost, Laurent Sarrien et François Gallix qui souhaitaient lancer un lieu de création à Mâcon. Vingt-six ans après, la petite structure qui accueillait le public dans des caves rue Rambuteau a bien grandi. L’association compte 4 salariés et occupe désormais l’ancienne cave d’une chapelle rénovée par la Ville et ouverte en 2014. Une salle chaleureuse, dont la configuration et la décoration collent bien à l’idée de club jazz, pouvant accueillir jusqu’à 250 personnes.
Surtout, au fil du temps, le Crescent a acquis une réputation qui fait de Mâcon l’un des lieux emblématiques du jazz en France (en termes d'actions vers les jeunes, il faut d'ailleurs mentionner les stages estivaux
Jazz en herbe, lancés en Saône-et-Loire dès 1986, eux aussi contributeurs de cette culture). Une reconnaissance acquise d’abord par l’accueil de musiciens et une certaine émulation.
« Dès les premiers temps, c’était un repère et un laboratoire d’artistes, y compris des Américains, qui a marqué le développement du jazz en France ». Elle a été amplifiée par une programmation de qualité, renforcée depuis 10 ans par un festival de trois soirées gratuites en juillet, créé avec la Ville. Ce dernier a rassemblé près de 6000 spectateurs lors de la dernière édition.
Pour
« faire découvrir cette musique complexe au plus grand nombre », le club compte d'abord sur une programmation dense, pouvant atteindre 70 à 75 rendez-vous en année « normale ». Là autour, le Crescent développe de nombreuses activités permettant de développer la culture jazz : résidence d’artistes, lieu de répétition, interventions en collèges et lycées, stages et activités artistiques créées avec les musiciens professionnels.
Une dynamique ralentie, mais pas anéantie par la covid :
« C’est sûr qu’il ne faut pas que cela dure trop longtemps dit Antoine Barteau.
Mais dans cette crise, tous nos partenaires nous suivent et nous soutiennent. Et nous voulons reprendre la programmation dès septembre, pour l’instant avec des jauges à 65 personnes ».
S.P.
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