Ils s'élèvent majestueusement dans la plaine de Thise depuis plus de 80 ans. Après deux ans et demi de travaux, ils brillent encore un peu plus. Les hangars de l'aérodrome de Thise sont remarquables à plus d'un titre. Classés aux Monuments historiques depuis 2007, ils comptent parmi les deux derniers hangars de type Eiffel en France, comptant ce volume et cette hauteur.
Conçus en 1938, ces édifices, hauts de 16 mètres pour une surface de 4 800 m2, ont été rénovés en 2019. Les tôles ont été remplacées, la charpente a été décapée et sablée, l'ensemble a été repeint à l'identique. « Ce ne sont pas des hangars aéronautiques d'architecture moderne. Mais c'est indispensable de garder cet esprit historique et typique de l'architecture Eiffel. Les rivets sont les mêmes que ceux de la Tour Eiffel » relève Roberto Cabriolu, vice-président de l'aéroclub local.
Atterrissage d'un Boeing 17 en 1945
Pourquoi alors ce type d'architecture pour l'aérodrome de Thise ? Gustave Eiffel, mort pourtant depuis 15 ans, demeure en 1938 le seul ingénieur à avoir été capable de concevoir une structure autoportante d'une grande largeur sans mettre un poteau au milieu. Les hangars demi-tonneau sont dessinés par Fernand Aimond, qui s'est appuyé sur une conception Eiffel. « Cette architecture permet à de gros avions de manoeuvrer dans le hangar et d'être entreposés, explique Roberto Cabriolu. Qui poursuit intarissable : « En 1945, un quadrimoteur Boeing 17 y a atterri en urgence, fusillé par les Allemands. On a eu aussi un Macdonnell Douglas, Dakota C-47, utilisé pour le transport sanitaire. »
Pendant la Seconde Guerre Mondiale, l'aérodrome servait de base arrière aux Américains et a été attaqué par les Allemands. De ce passé chargé d'histoire, des vitraux portant l'impact de balles ont été conservés. Il est possible de les admirer lors de visites organisées par l'aérodrome.
Découvrir l'aviation
Une façon de remercier les contribuables qui ont participé au coût des travaux : 3, 5 millions d'euros, pris en charge par l'Etat, la collectivité et la fondation du Patrimoine : « On veut montrer que ces hangars appartiennent en partie aux habitants de la collectivité - il en existe seulement deux exemples en France » rappelle Roberto Cabriolu.
Ces visites sont également l'occasion de faire découvrir l'aviation, notamment aux jeunes. Les aéronefs sont accessibles et des vols sont organisés. De quoi donner des ailes à ceux qui n'osent pas s'inscrire en club et transformer leur rêve d'Icare en réalité.
Laurine Personeni
Commentaires
Afin de poster un commentaire, identifiez-vous.