Les Monty Python sont un Ovni dans le paysage comique international de tous les temps. Sans rire. Comme tous les realisateurs débutants, ils ont fait leurs premières armes dans le court métrage et la télévision, avec des centaines de sketches hilarants pour la BBC à la fin des annees soixante. Puis sont passés au long, avec quelques brouillons oubliables comme Jabberwocky, avant de donner deux chefs d'oeuvre d'humour «nonsensique», Sacré Graal et la Vie de Brian. Héritiers de tous les genres comiques anglo-saxons, ceux de Mack Sennett, W.C. Fields, Lewis Carroll ou des Marx Brothers, ils n'ont pas de successeurs évidents a leur hauteur, même s'ils sont devenus une reference incessamment citée. Et les porte-drapeaux du «nonsense», forme de comique très anglais que l'on peut traduire par absurde. Les Monty Python n'hésitent devant rien et surtout pas devant n'importe quoi, notamment a travers des séquences animées signées Terry Gilliam (le seul Américain du groupe, au milieu de 5 Anglais) dont toute signification échappe a l'enendement.
Sacre Graal, des chevaliers sans chevaux
Face à ce qui se passe à l'écran, les cinéphiles adeptes d'écriture cinématographique en sont pour leur frais. La caméra n'est là que pour enregistrer une suite de scènes d'anthologie et chaque séquence est prétexte au délire. La légende raconte que le manque de moyens a empêché la présence de vrais chevaux pour tourner Sacré Graal. Qu'a cela ne tienne, les chevaliers apparaissent suivis de figurants qui tapent dans des noix de coco pour signifier de façon sonore l'idée d'une monture. Soit une lecon cinématographique sur l'utilisation du son pour suppleer l'image... Savoir s'il faut brûler une sorcière donne lieu à un chef d'oeuvre de raisonnement absurde, les chevaliers du roi Arthur reprennent l'idée du cheval de Troie mais oublient le principe du stratagème et plus tard ils doivent s'armer de tout leur courage pour affronter un lapin. Ce film sorti en 1974 est devenu culte et 5 ans plus tard, la Vie de Brian a suivi le même chemin. Apres les chevaliers de la Table ronde, les Monty Python s'attaquent à la vie de Jésus, à travers Brian, jeune étourneau qui a la malchance de naître le même jour que le Christ et de suivre un parcours parallèle. Mais lui croise des extra-terrestres... Là encore, les scènes se succèdent sans répit. Brian est suivi par une foule avide de prophéties. Moderne avant l'heure, it s'improvise apôtre de l'individualisme. Et demande à la foule d'arrêter de le suivre et de répéter l'antinomie « nous sommes tous différents » , ce qu' elle s'empresse de faire en choeur avant qu'un homme lève le doigt et se singularise pour dire « non, pas moi, je ne suis pas différent ». Délectable, n'est-ce pas ?
Dans le Sens de la vie, ultime réalisation du groupe, on est tout de même proche du n'importe quoi filme n'importe comment. Cette oeuvre avait pourtant été sélectionnée a sa sortie pour le festival de Cannes (!) sans doute plus par hommage au groupe que pour sa contribution au 7e art. L'ironie du titre cache un pinacle d'énormité et d'absurde. Moins reussi que les deux premiers même si on rit encore, parfois sans savoir pourquoi.
Stéphane Paris
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