Depuis 20 ans, Christine Lambert enseigne le piano en école de musique et désormais en tant qu’autoentrepreneuse. Elle ouvre sa classe à tous les âges, s’adaptant au niveau de chacun. Sur sa trentaine d’élèves, la moitié sont des jeunes. Parmi eux, Elisabeth, 20 ans et Lilou, 16 ans, ont 10 ans de piano classique derrière elles. Ni l’un ni l’autre n’a été poussée par ses parents. Pour Lilou, l’entrée en musique a même été hasardeuse : « J’ai vu une carte de visite de Mme Lambert, je l’ai trouvée jolie. Ma mère a pensé que c’était une bonne idée. Elle ne voulait pas du conservatoire, par peur que cela me dégoûte ».
« Les élèves enfants que j’ai sont souvent incités par les parents. Pour les ados, c’est plutôt un choix personnel » constate la professeure.
Ce n’est pas un secret que les jeunes ne se dirigent pas en masse vers la musique classique, que ce soit en termes d’audience ou de pratique. L’âge médian des amateurs a considérablement augmenté depuis les années 80 (comme pour le rock et le jazz, cela dit) ainsi que le montrent les études sur le sujet (1). Le festival international de musique fait ce constat. Lors de l’édition 2019, sur 14400 entrées payantes, on dénombrait environ 700 billets à tarifs étudiant, moins de 18 ans ou Avantages Jeunes. Ils ne représentent par tous les jeunes, mais cela donne une indication. Pour tenter de leur faire découvrir l’univers classique, qui souffre des images « réservé aux initiés » ou « culture élitiste », le festival a multiplié les initiatives, avec des concerts gratuits ou des ouvertures vers les musiques du monde ou le jazz.
Côté pratique, Christine Lambert prend des options semblables, adaptant la pratique à chacun, privilégiant le contact avec l’instrument au solfège, qui peut paraître rébarbatif, allant vers la musique de film, le jazz voire la variété. Elle a même fait un concert avec le groupe de jazz manouche Krachta Valda, en 2019. « Avec les jeunes, j’essaie d’organiser des concerts en fin d’année. On joue dans les structures de soin ou les maisons de retraite. Je les incite à participer au concours artistique d’Epinal ». Elisabeth confirme que les auditions de fin d’année sont des moments agréables. « Mais la satisfaction, le plaisir d’apprendre la musique, c’est simplement celui d’arriver à jouer des morceaux ».
Christine Lambert constate que beaucoup de ses élèves adultes ont fait de la musique à l’adolescence et y reviennent. Pour Elisabeth et Lilou, la question ne se pose pas pour l’instant. «Ça fait 10 ans, qu’on vient là, c’est qu’on est bien ! Il y a une bonne ambiance, vraiment ».
S.P.
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